Les portes de l'au-delà

Je ne suis pas là pour vous le faire croire mais pour vous le dire


Sujets divers

QUESTIONS/REPONSES

 

 

 

Le mot « équilibre » appliqué à l’homéopathie, sous-entend-il qu’il y a deux corps ?

Absolument. La maladie est une adaptation défectueuse des deux corps qui doivent vivre ensemble.

Les médecins homéopathes le savent-ils ?

Pas tous, seulement ceux qui sont spirites, et il y en a davantage dans l’homéopathie que dans la médecine officielle. Pour être efficace, un médicament doit agir dans le même sens que la nature ou le périsprit, partie intelligente de l’être qui cherche à rétablir l’équilibre. La maladie existe toujours avant qu’on 100 puisse la constater, et, lorsqu’elle se fait sentir, c’est que le corps périsprital cherche à rétablir l’équilibre, et que le mouvement qu’il imprime fait souffrir le corps matériel qui évoluait dans un autre sens. Quant à la devise similia similibus, supposez que votre corps matériel soit la manche de votre corsage qui serait retournée…

Qu’est-ce que fait votre intelligence pour pouvoir mettre le corsage ?

Elle retourne la manche à l’endroit. Mais, si vous retourniez votre manche quand elle n’est pas à l’envers, elle serait également mal mise. Voilà comment le même geste, le même acte, remet les choses en place si elles n’y sont pas, et les met sens dessus dessous si elles étaient en ordre. Il en est de même pour les médicaments, le médicament qui donnera une maladie au corps sain enlèvera la maladie au corps malade.

La question du végétarisme est-elle vraiment une question qui relève de la morale, comme le croient les théosophes ?

Oh, je le connais, leur côté moral ! Ils prétendent qu’en s’assimilant la chair des animaux, on s’assimile leurs vices ! Eh bien, moi, je sais bien que l’être qui mange un poulet n’a rien de mauvais à absorber de cette innocente bête qui est bien plus douce que lui. Quant à ne pas tuer, c’est encore un illogisme, car je ne vois pas alors pourquoi on se permettrait de débarrasser sa maison des araignées qui viennent s’y établir, pourquoi on prendrait les mouches dans une carafe, et pourquoi on tuerait les moustiques ! Les gens qui poussent l’ergotage jusque dans ses extrêmes limites arrivent toujours à une exagération ridicule, c’est ce qui a créé les ordres de moines malpropres et canonisé les saints couverts de vermine.

Est-il vrai que la viande contient des poisons très dangereux et faisant mourir bien des gens ?

Ce n’est pas vrai, ils mourraient d’autre chose. Toutes les fois qu’on fait allusion aux causes de la mort, on dit des bêtises, car, la mort étant obligatoire, il ne sert à rien de tant chercher le moyen de s’y soustraire, et, le jour ou le végétarien, très content de son régime et sûr de vivre jusqu’à cent ans, sera arrivé à l’heure marquée pour sa mort, ses légumes ne l’empêcheront pas de la rencontrer il sortira de chez lui et recevra une cheminée sur la tête ou passera sous une automobile.

Peut-on affirmer que des bêtes, comme des chiens ou des chats, ont attendu l’arrivée de leurs maîtres pour expirer, comme si elles avaient eu le pouvoir, par l’énergie de leur désir, de prolonger leur vie jusqu’à ce moment désiré par elles ?

Oui, c’est vrai. Le désir intense de prolonger sa vie ou sa santé est dans la nature, et e’est ce qui intervient, la plupart du temps, chez les gens très occupés qui tombent malades pendant leur période de repos, comme si, par leur volonté, il avaient pu reculer l’époque de la maladie. On n’évite pas la maladie, mais on peut la reculer un peu, c’est une sorte de contraction. Un individu qui se cramponne de toutes ses forces à une branche d’arbre pour ne pas tomber, doit tomber quand même, mais son effort le maintient plus longtemps que celui qui, devinant la fatalité, lui cède de suite en lâchant prise, parfois le passant charitable arrive assez à temps pour lui porter secours. De même, l’être courageux qui repousse la maladie peut atteindre une période où de meilleures conditions hygiéniques lui seront offertes pour empêcher cette maladie d’éclater. Le fait de croire qu’on se porte bien à une très grande action.

J’ai entendu dire aujourd’hui que, si la mémoire se perd dans la vieillesse, c’est qu’il n’y a plus de place dans le cerveau pour de nouvelles choses à enregistrer ?…

C’est une bêtise, il n’y a pas besoin de beaucoup de place pour des pensées qui sont, en somme, dans le périsprit et non dans le cerveau ! S’il n’y avait plus de place dans le périsprit, l’Esprit qui reviendrait en incarnation n’emmagasinerait plus de connaissances puisqu’il rapporterait ici-bas un périsprit sur lequel serait accrochée cette pancarte : Complet. Non, la cause du manque de mémoire n’est pas là, mais bien dans l’usure du cerveau qui a pour fonction de réaliser matériellement les pensées du périsprit. Ce cerveau réalise encore les pensées qui datent de la jeunesse parce qu’elles ont fait si souvent le voyage entre le périsprit et le cerveau que ce va-et-vient s’accomplit de lui-même, un seul petit signe du cerveau suffit pour les faire accourir mais le cerveau qui n’est plus alerte et a perdu sa souplesse et sa force, ne peut pas établir ce mouvement d’aller et retour des pensées nouvelles. Il faut de la force pour les faire revenir, et cette force lui fait défaut.

J’ai peine à m’imaginer qu’on retrouve dans l’au-delà la mémoire qu’on n’a déjà plus sur terre ?

Le manque de mémoire sur terre vient d’une anémie ou d’une usure de l’organe matériel appelé cerveau. On vous a fait une comparaison que je vous rappellerai : il y a certaines boîtes tirelires qui s’ouvrent par un petit ressort. Si le ressort se rouille ou s’use, on peut mettre encore beaucoup de sous dans la tirelire, mais on a beau presser sur le ressort, la boîte ne s’ouvre plus; et c’est à grande peine qu’à force de secouer, on fera tomber de temps en temps une petite pièce mais, le jour où on brise la tirelire, le trésor est intégral .

Qu’entend-on par la jeunesse de la terre qui aidait aux phénomènes hindous ?

Autrefois la terre, ayant été moins travaillée, possédait une plus grande quantité de fluides. La terre est comme tout ce qui existe: elle naît et elle meurt, elle a donc une vie bien déterminée, et il est certain que toutes les terres ont eu le même commencement et sont destinées à la même fin. Sorties, dans une poussée formidable, des profondeurs de la mer, elles émergent remplies de la vigueur puisée aux feux souterrains, dans le cœur de la planète qui est la fécondation par excellence. Un jour, elles seront englouties par ce même océan pour aller se réchauffer au sein de leur système artériel. Donc, au début, une terre est jeune, ardente, féconde, remplie de sève, puis, peu à peu, elle s’anémie jusqu’au jour où un cataclysme géologique fait surgir une autre terre et engloutit les trop vieilles contrées. Rassurez-vous, chère amie, vous ne finirez pas dans une pareille tourmente, car tout est lent à la surface du globe. Tout est long à pousser et à mourir, surtout si vous comparez la vie du sol à votre vie d’incarnés.

Pourquoi les animaux sont-ils, mieux que les hommes, avertis des catastrophes comme les tremblements de terre ou autres ?

C’est leur sens d’orientation qui agit ; ils sont, plus que les hommes, liés aux éléments.

Pourquoi ont-ils ce sens que n’ont pas les hommes ?

Il le faut bien puisqu’ils n’ont pas la science et la réflexion ; on a toujours ce qui est nécessaire.

Les animaux entendent-ils mieux que nous ?

Cela dépend, quelques-uns entendent mieux, d’autres voient mieux ; cela vient de ce que ces facultés sont enrichies au détriment de la pensée. Puisqu’ils n’ont pas les dons de l’humanité, il faut bien qu’ils aient des compensations et qu’ils puissent se protéger et se défendre.

C’est le sens de l’orientation qui a fait se sauver, dans les rues de Messine, les chats, avant le tremblement de terre ?

Oui. L’orientation n’est autre qu’un lien intime existant entre le sol, les éléments, l’atmosphère d’un côté et l’animal de l’autre, qui fait que le chien égaré n’a qu’à humer l’air pour respirer à distance les attractions électriques du sol qu’il recherche et dont il est éloigné. Il n’est donc pas étonnant que, dans les cas de catastrophes, ce lien lui fasse sentir l’approche des convulsions de ce sol et de ces mêmes éléments avec lesquels il a tant d’affinités. Avant le tremblement de terre, il y a des effluves électriques qui se dégagent de l’intérieur de la terre, et le chat, qui est un être très électrique, les ressent particulièrement.

Pourquoi certaines sortes de pâquerettes, même à l’ombre (et c’est là l’important) se ferment-elles des cinq heures de l’après-midi, ou quelle est la raison qui fait aller se coucher les oiseaux le soir à la même heure qui n’est ni plus chaude ni plus froide que certaines heures matinales quand ils se réveillent ?

Cela vient de ce que le magnétisme terrestre est le régulateur de tous les êtres animés, et cette horloge existe pour forcer la nature à chercher le repos. Dès que le soleil raréfie sa production de fluides vitaux, la nature interrompt ou, du moins, diminue son oeuvre. 

Cette conduite des fleurs et des oiseaux n’est donc pas uniquement un effet de la température ?

Non, mais surtout de la radioactivité solaire qui diminue dès que l’astre baisse vers l’horizon. La marche du soleil, ou, plutôt, sa position vis-à-vis de la rotation terrestre, correspond exactement au phénomène de la vie ; c’est en somme, la vie en réduction. Ainsi, comme l’être grandit et progresse jusqu’à l’âge mûr pour décliner ensuite, les fleurs et les oiseaux sont, entre le lever du soleil et sa situation au zénith, dans la même progression de force vitale et de croissance que l’être incarné. Puis, dès que le soleil s’éloigne, c’est l’automne du jour en même temps que l’automne de la vie pour quelques fleurs, et la nuit n’est qu’une sorte de mort dont le réveil s’opère avec le retour des rayons solaires. Les fleurs se rouvrent après l’automne du jour, mais les humains pas après l’automne de la vie ! Si, ils se rouvrent dans l’au-delà pour y vivre une existence beaucoup plus douce et exempte des vilenies de toutes sortes qu’on côtoie ici-bas. 

Le malheur d’un être dans ce monde prouve-t-il quelque chose quant à son avancement ?…

Non, rien du tout. Il y a des gens heureux qui n’ont pas l’air d’avoir fait grand bien dans une existence précédente ! Personne n’est forcé de faire son chemin rapidement ; celui qui désire se reposer avant d’escalader le roc escarpé qui le sépare du but, n’échappe pas à cette ascension, mais ne fait que la retarder. Celui qui recule devant une réincarnation fructueuse, aura à la faire plus tard, et demander, pour le présent, à retarder l’épreuve, c’est le cas de ceux, très imparfaits, qui ont des existences heureuses. Ne les enviez pas ; ils sont des lâches qui n’échapperont pas à leur sort et seront plus à plaindre que ceux qui acceptent avec courage la lutte de la vie, et qui ont des compensations spirituelles et des secours qui feront défaut aux autres.

Que faut-il dire de votre part à nos pauvres amis qui sont si malheureux ?

Ils sont fort à plaindre, mais ils ont une croyance qui les soutient et leur montre le but au bout de la route tortueuse qui y conduit. S’ils se croient abandonnés, ils ont tort, car ils ne le sont pas seulement, au temps de l’épreuve, il semble toujours qu’on vous abandonne parce que ceux que vous aimez et qui assistent de l’autre côté à vos douleurs, n’osent se montrer, sachant que rien ne dépend d’eux et que l’épreuve choisie d’avance doit suivre son cours. Mais il y aura pour vos amis comme pour tous ceux qui souffrent, des compensations spirituelles, et leur résignation leur sera largement comptée. Il faut supporter l’existence puisque c’est le chemin qui conduit au bonheur. L’être évolué souffre plus, parce qu’il souffre physiquement par son corps et moralement par son âme, tandis que celui qui est peu évolué, ayant une sensibilité morale beaucoup moindre, ne souffre que dans sa matière et non dans son âme.

Est-il vrai que « la souffrance crée le progrès en faisant naître dans l’homme le désir de la détruire ? 

Oui, très vrai.

La contemplation devrait-elle vraiment occuper une partie de chacune de nos journées ?

Je suis d’un avis absolument contraire. Si nous avions dû rester dans la contemplation, il n’aurait pas été nécessaire de nous incarner, et nous nous serions beaucoup mieux acquittés de cette contemplation dans l’au-delà que sur terre, où nous venons accomplir une tâche et dresser ou éduquer nos âmes.

Il n’est donc pas vrai que les « savants » devront se mettre à développer leurs sens astraux ?

Non. Nous ne sommes pas plongés sur terre en incarnation pour déserter sans cesse ; ce serait un manque d’obéissance à la puissance suprême qui, nous privant pour quelque temps de la vie de l’au-delà, veut que nous allions conquérir des galons supplémentaires sur le champ de bataille de la vie terrestre. De plus, l’inaction ou l’emploi futile du temps n’est fait que pour les âmes non évoluées ; les autres auraient des crises terribles de nostalgie de l’au delà si elles n’avaient pas de travaux multiples et absorbants qui les empêchent de voir couler le fleuve de la vie.

Alors, la bousculade perpétuelle vaut mieux ?

Oui.

En somme, il vaut mieux ne pas être fataliste ?

Il faut, comme en tout, un juste milieu. Il faut être fataliste pour ce qui ne dépend pas de soi, pour ce qu’on subit sans pouvoir l’empêcher, et cesser de l’être dès qu’il y a une toute petite lueur d’espoir pouvant changer le cours des événements dès qu’on pourrait améliorer son état, ou que la chose à faire dépend de soi ou de ceux qui vous entourent.

Il faut alors se démener ?

Oui, ferme

Faut-il, d’après ce que vous dites là, faire cette démarche que j’aurais pourtant voulu éviter ?

Non, pas tout de suite. Attendez pour agir plus nettement. Ne vous jetez pas sur les décisions, il ne faut jamais se presser pour faire un pas, et attendre toujours pour le cas où les événements feraient la moitié du chemin. Le sage est celui qui s’occupe, travaille, et ne s’inquiète pas à l’avance de ce qui ne le regarde pas et qu’en tous cas il ne pourrait pas empêcher. Celui-ci s’appellera le philosophe, ami de la sagesse, et voilà pourquoi c’est une preuve de maladie, de déséquilibre, de toujours chercher dans l’avenir pour y prévoir la souffrance. Quand elle passe, elle sait dire qu’elle est là, on n’a pas besoin de l’attendre sur le seuil, ni de l’appeler.

Etes-vous toujours d’une humeur aussi égale ?

Oh, je suis trop sérieux pour être morose !

En étant résignés, les Orientaux ne sont pourtant pas plus avancés que nous an point de vue philosophique ?

Non, les Orientaux ne sont pas plus avancés, ils le sont même beaucoup moins, parce que leur fatalisme est une sorte de paresse grâce à laquelle ils suppriment l’effort, et par conséquent, le libre-arbitre. Il faut bien se garder de devenir trop oriental, car l’homme est sur terre pour agir lui-même et pour faire un effort, au lieu de se résigner à être le jouet, l’instrument du hasard et des forces voisines. Ce n’est que par la lutte qu’on enrichit son âme, qu’on la façonne et qu’on réalise ainsi un progrès réel. La vraie perfection consisterait évidement dans un sage assemblage de ces deux formes d’activité et de passivité : être un homme fort moralement, lutter, agir, et ne pas se rebiffer contre la mauvaise chance qui s’impose, c’est-à-dire faire l’effort constant, et accepter avec sérénité le résultat obtenu quel qu’il soit mais il faut être une âme exceptionnellement trempée pour posséder cet assemblage, et je ne vous en demande pas l’absolue réalisation. Je voudrais seulement que vous ne vous laissiez pas abattre quoi qu’il arrive. Quand on à fait tout ce qu’on a pu, il est impossible que l’événement, quel qu’il soit, ne vous laisse pas une quiétude parfaite, et un secret espoir parce qu’on peut toujours se dire: « Je ne pouvais pas faire plus, et, si je n’ai pas réussi, qui sait si ce n’est pas pour un meilleur résultat dont l’avènement ne m’est pas encore dévoilé » On se reprend à espérer, et cela donne de nouvelles forces pour une autre période de lutte et de courage au bout de laquelle on aura peut-être pleine satisfaction.

Ainsi, les certitudes de la spiritualité ne doivent pas rendre indifférent à tout ?

Jamais, chère amie. Un bon, un vrai spirite ne peut pas être indifférent aux choses de la terre, car cette terre fait partie de la vie spirituelle ; il y est attaché pour un temps, il y vient faire un stage utile à son avancement. Or, s’il méprise la terre, s’il s’en désintéresse, c’est comme s’il n’y était pas venu ; il prend une ressemblance absolue avec le dévot catholique qui ne vit qu’en oraisons, messes et confessions, se disant: « Je néglige cette terre perverse et me prépare un trône au ciel ! » En attendant ce trône, il se détache de ses semblables, se confine à l’église, ne fait plus travailler autour de lui sous prétexte qu’il doit se priver, et, si l’humanité entière se rangeait sous sa bannière, la vie serait complètement arrêtée. Puis, si je parle de résignation, c’est de la résignation pour soi-même, l’être réellement bon ne pétrifie pas son cœur, et, s’il sait souffrir sans se plaindre, il souffre grandement des malheurs de ceux qui lui sont chers. Quant à ne pas pleurer les disparus sous prétexte qu’ils sont plus heureux là où ils sont, cela prouve un cœur sec, car la séparation d’avec les aimés, quelle qu’elle soit, est toujours bien pénible, et, alors même que vous sauriez votre fils heureux, sans souci, mais en pays éloigné, vous souffririez pourtant de ne plus le voir à vos côtés. La vie est un perpétuel orage. On est éclairé de temps en temps par un arc-en-ciel, mais on ne retrouve l’azur vraiment inaltérable qu’en passant la frontière de l’espérance éternelle et du bonheur infini. Considérez cette vie comme un voyage pénible, et songez à ceux qui vous attendent à l’arrivée cette pensée réconfortante adoucira les tourments que vous subissez sans cesse. L’existence se passe à rebâtir ce qui a été démoli. C’est chez nous seulement que les constructions sont inébranlables. Il faut avoir de la confiance, et vous dire que tout est supportable quand on sait ce que vous savez.

Il vaut mieux apprendre aux enfants le catéchisme que rien du tout?

Je ne suis pas de son avis. Je crois fermement qu’on peut élever une génération d’hommes honorables et travailleurs, de femmes sages et dévouées, sans les bourrer d’absurdités qui ont l’immense tort de faire naître très vite, dans leur âme, un doute qui, bientôt, deviendra la certitude qu’on leur a menti, et que ceux qui leur ont menti sont précisément les êtres envers lesquels ils devraient avoir la plus grande vénération et le respect le plus sincère. En second lieu, je ne vois pas du tout la nécessite de chercher à tout obtenir par la crainte, l’intimidation ou l’appât d’une récompense. Je trouve cela indigne d’un être en progrès. Si j’avais un plan d’éducation philosophique à tracer, je voudrais enseigner à l’enfant trois choses principales: la bonté, acquise en lui faisant constamment considérer les misères de l’humanité et en l’habituant, dès le jeune âge, à cette pensée qu’il faut se tendre la main réciproquement ; le travail, en lui faisant toucher du doigt la nécessité de se pourvoir sans l’aide de personne, d’une manière fière et digne, recevant parce qu’on a donné ; le respect de soi-même, pour lui apprendre à se considérer comme un être qui ne doit pas déchoir et doit se conduire d’une manière absolument honnête et loyale. De ces trois branches primitives, partiraient tous les rameaux de la perfection : la bonté engendrerait la pitié, la charité, le dévouement, souvent le renoncement à soi-même pour le bien des autres ; le travail engendrerait l’activité, le bon exemple, et empêcherait le vice de se creuser une place dans l’âme humaine car ceux qui ne restent pas oisifs, ceux qui sont dominés par l’activité, n’ont aucun loisir à consacrer à la débauche, et, le soir les trouvant fatigués de leur tâche, ils ne songent pas aux plaisirs avilissants. Le travail aiderait l’homme charitable à procurer aux autres le bien-être, ou tout au moins le nécessaire, en leur fournissant l’ouvrage, en leur donnant l’exemple de l’activité puis, l’amour propre bien compris entraînerait à sa suite l’honnêteté, et la bravoure quand ce serait nécessaire. Ces trois qualités, se complétant, devraient fabriquer des âmes très fortes or, il me semble qu’il serait très facile de les inculquer à la jeunesse. J’ai déjà dit comment on s’y prendrait pour faire naître le sentiment de la bonté, la considération des misères humaines. Quant au travail, en cherchant ce qui plait à l’enfant, en devinant quelle branche doit l’intéresser, convenir à sa nature, on éviterait bien des mauvaises classes ou des années de paresse. Puis, on s’aiderait de l’amour-propre pour lui faire franchir les étapes difficiles ou arides de l’instruction, et je crois qu’ainsi menée l’âme enfantine n’aurait aucun besoin du grand Dieu à barbe blanche, armé de sa fourche destinée à précipiter les neuf dixièmes du genre humain dans les flammes de l’Enfer. On n’aurait plus besoin de pousser l’enfant au bien en lui faisant voir la nécessité de s’humilier devant le prêtre dans la confession : on lui donnerait de sa mentalité une tout autre idée, idée importante et par laquelle il considérerait qu’en aucune façon on ne doit apprendre à ne plus rougir de ses fautes.

Or, qu’est-ce que la confession si ce n’est l’entraînement à ne plus avoir d’amour-propre ?

L’enfant, d’abord, souffre de cette humiliation ; puis, peu à peu, ce sentiment s’émousse, et il finit par en rire avec ses camarades, et se glorifie de ses turpitudes, en trouvant très commode de les effacer par le simple aveu qui lui est devenu si familier que c’est presque une distraction pour lui. Ces pratiques, croyez-moi, sont bien inutiles au progrès de l’humanité, et tous les hommes arrives à l’âge de raison se demandent ce  qu’est venu faire dans leur vie ce catéchisme qu’ils ont ânonné sans même chercher à le comprendre, et qui. le jour où ils ont réfléchi, leur est apparu comme un tissu d’absurdités et de mensonges bon à leur faire mépriser toute religion, même celle qui réside dans ce mot, le seul raisonnable, le seul indispensable à l’âme: Dieu et la croyance à l’immortalité.

Il y a des gens qui disent qu’il faudra bien des églises spirites ? Et pourquoi faire ? Est-ce que les idées de bien, de charité, de bonté, de pardon et de justice, ont besoin de messes pour se propager ?

Chacun les enseignera aux siens. La religion, ou, plutôt, les religions sont les tuteurs que l’on met aux jeunes âmes ; ce sont les images que l’on présente aux incarnés dans la jeunesse de leur évolution pour que, dans leur souvenir, subsiste l’acte comme aussi l’engagement pris de suivre la voie du progrès dont ils ont accepté de subir la loi. Mais, comme l’enfant qui s’élance des bras de ses parents lorsque ses jambes peuvent le porter, l’âme incarnée s’échappera des liens dogmatiques dès quelle se sentira assez forte et assez vaillante pour voler seule et sans appui vers les éternels séjours.

A quel âge peut-on commencer à instruire un enfant des véritables conditions de la vie humaine ?

Aussitôt qu’il peut distinguer le bien du mal. L’enfant, qui rapporte un vague souvenir de sa vie spirituelle, est plus disposé que l’homme, qui l’a complètement oubliée, à accepter ses vérités. Il faut les lui présenter sous un aspect simple, naturel. Qu’il s’habitue de bonne heure à se savoir entourer d’Esprits qui l’aiment et le protègent. Qu’il ait de l’affection pour ces Esprits. Il faut bien se garder de lui en donner la moindre frayeur, il sera donc nécessaire de lui expliquer que ces Esprits ont vécu sur la terre comme lui, que lui-même a été Esprit déjà et retournera à cet état après la mort. Qu’il ne se fasse pas de la mort une idée terrible, et, surtout, qu’on ne lui apprenne pas à pleurer, comme perdus, ceux qui sont toujours vivants. La mort est une naissance pour une vie plus heureuse qui sera ce que nous la ferons par nos efforts vers le bien. Tout effort est un acte de vertu, même s’il se rapporte à une très petite chose. Il faut donc, que l’enfant, dès son plus jeune âge, s’efforce de se corriger de ses défauts et d’acquérir des habitudes vertueuses. Il lui en coûtera moins, plus tard, pour bien faire. Il n’est pas besoin, pour cela, de lui mettre à l’âme un écriteau religieux.

Une de mes amies a dit, à propos de vos enseignements sur le peu d’importance qu’a, dans l’au-delà, la connaissance de l’histoire de notre planète, qu’elle n’est point toujours de votre avis, et que je suis dogmatique en acceptant tout de vous !…

Chère amie, je pense que, comme nous voyons les choses de beaucoup plus haut que vous, nous les jugeons plus sainement et sans esprit de parti, parce que toutes les causes secondaires disparaissent à nos yeux, et que tout ce qui peut troubler votre jugement n’altère pas le nôtre. Surtout pour les questions générales, nous savons mieux que vous ce qu’il faut en penser. L’histoire n’a d’intérêt que dans ses généralités, pour juger de la marche des humains et du progrès. La seule chose qu’il est assez nécessaire de savoir, c’est l’histoire de la civilisation, afin de se bien rendre compte que le progrès n’a pas été à reculons, que toutes les vertus des anciens n’étaient que des atténuations de l’esprit cruel, autocrate et despotique qui a régné autrefois, et que ceux qui voudraient vous faire croire à une époque très parfaite qui aurait été suivie d’une décadence s’affirmant chaque jour, ceux-là sont dans l’erreur, car, quand il y a eu apogée dans un ordre d’idées ou dans une conception quelconque, il y a eu, à côté, barbarie et brutalité, en sorte que tout s’étant nivelé, la marche du progrès se fait quand même en détruisant les exagérations dans le beau comme dans l’horrible, et en créant un niveau calme de sentiments raisonnés et logiques qui doit forcément amener une amélioration très sensible dans l’humanité en général.

La connaissance de l’histoire et de la littérature n’est-elle donc utile que pour le cas de réincarnation, et est-il vrai que le périsprit se trouve enrichi de toutes sortes de souvenirs dont bénéficie le cerveau matériel ?

Ceci est l’exacte vérité. Ces choses seraient, en effet, des sornettes si l’âme ne devait avoir qu’une seule et unique incarnation, car ce qui s’apprend en histoire terrestre n’a aucune répercussion chez nous par une excellente raison, c’est que les rois et les empereurs sont instamment priés de laisser leurs insignes au vestiaire de l’au-delà, et qu’au lieu de leur distribuer des numéros pour leur permettre de les retrouver à la sortie, on les leur confisque définitivement ; tout cela passe dans la communauté ou dans le vestiaire social d’où ces insignes sortent bien, mais pour être distribués à d’autres humains. Chez nous, il n’y a que des âmes plus ou moins blanches, plus ou moins lumineuses, et les grades de la terre disparaissent devant la hiérarchie de l’avancement spirituel, le seul qui compte. Vous voyez donc qu’il est très inutile de connaître les hauts faits, les conquêtes et les alliances des souverains. Cependant, comme il faut revenir, et que la terre, cette vieille routinière, vit aussi bien dans son passé que dans son présent, ce qui a été appris précédemment se retrouve dans les existences suivantes. On le rapprendra dans son enfance avec plus ou moins de facilité et même de plaisir et d’intérêt. Ce ne sera plus une corvée, mais une des manifestations de la vie incarnée.

Certains psychistes sont-ils dans le vrai en soutenant qu’il n’existe en réalité pour nous ni passé, ni présent, ni futur, si ce n’est d’une manière relative ?

Non, parce que le présent s’impose par nos sens matériels, tandis que le passé et le futur sont, l’un, déjà enregistré dans notre périsprit, et, le second, souvent conservé dans ce même périsprit. Le passé et le futur sont donc des états mélangés, composés de nos sensations terrestres et de nos sensations extra-terrestres. Ce sont ces sensations mélangées qui ornent le périsprit et s’affirment sous forme d’intuitions dans la réincarnation.

L’intelligence humaine est-elle toujours le propre des âmes très évoluées ?

Non, elle peut naître et se développer aussi bien dans des milieux très mauvais. Souvent, son développement s’opère par la force de la misère ou des désirs exagérés : on a absolument besoin de ceci ou de cela, et, pour y arriver, on met son esprit à la torture, on le fait travailler outre mesure, et ce travail développe l’intelligence. Aussi voyez-vous toujours les filous doués d’un esprit de suite et de déduction, d’une prudence, d’une ruse remarquables. Mais, direz-vous, où est le progrès, comment s’effectue-t-il ? A cela, le réponds : l’évolution intellectuelle peut se produire de deux manières différentes chez un individu ayant une âme encore rudimentaire. Vous pouvez observer que, ou bien l’individu sera inintelligent et son côté bon et moral se développera seul ; il deviendra une de ces bonnes âmes naïves et sottes, qu’on côtoie et pour lesquelles on éprouve de la sympathie, parce que, dans ce cas, l’évolution intellectuelle se greffant sur une âme solidement bonne, sera moins rapide mais arrivera normalement, sans rien détruire de la base solide sur laquelle elle s’édifiera. Ou, alors, l’être incarné ayant une âme rudimentaire tout comme celui dont je viens de parler, se trouvant aux prises avec une vie difficile, de la malchance, des charges, se mettra à chercher des moyens de sortir de sa misère, et torturera tellement son cerveau, pensera tellement à ses désirs, les retournera tellement en tous sens, que l’étincelle intellectuelle jaillira d’abord et lui fera commettre une action indélicate que son âme non évoluée ne condamnera pas puis, après, il faudra faire travailler encore ce cerveau pour se mettre à l’abri, être sûr de l’impunité, et, l’habitude prise, cet être ira tout de travers sur la route sociale. Dans d’autres incarnations, il retrouvera son intelligence, mais il devra la plier à la morale et au droit chemin. Elle lui servira quand même, car l’intelligence est une arme à deux tranchants, mais son évolution sera différente de celle du premier individu, car, chez lui, c’est la partie intellectuelle qui se sera développée tout d’abord, et il s’agira ensuite d’appliquer cet acquis seulement aux oeuvres du bien et à tout ce qui peut faire progresser. Ce sera long également, car aucun progrès ne s’effectue avec rapidité il n’y a pas de saut dans la loi d’évolution, puisque tout saut brusque supprimerait le travail et l’effort lent et patient grâce auquel on conquiert ses grades dans la hiérarchie des âmes.

Etes-vous pour ou contre la peine de mort ?

Vous me demandez, chère amie, si je suis partisan de la peine de mort, et vous vous étonneriez beaucoup de me voir tracer un oui sur cette page. En effet, tant par mes opinions d’homme que par celles de l’Esprit désincarné, vous devez vous attendre à une réponse négative. La mort, comme la vie, n’est pas entre les mains d’aucun être de ce monde seul, Dieu peut envoyer les êtres en incarnation ou les rappeler vers les sphères extra-terrestres, parce que le principe de justice absolue est seul capable de connaître et d’apprécier le travail accompli, soit sur terre, soit au delà de la désincarnation. Aucun être humain ne doit donc donner la mort à son semblable, que ce soit par vengeance, jalousie, cupidité, ou simplement justice. Et si nous parlons de justice, il faut avouer que personne ne peut savoir à quel point il est juste de supprimer de la vie d’un homme des années qui pourraient être employées à effacer la tache infamante d’un crime. Cependant, en ce moment, quelques personnes s’émeuvent en voyant le crime devenir si facile, si fréquent, et en arrivent à regretter que la grâce du condamné soit devenue chose si habituelle. Je ne demande certes pas que les meurtriers restent impunis, mais je crois qu’en dehors de ce fait que l’homme n’a pas le droit de mort sur son semblable, ces exécutions, qui transforment le criminel en martyr et lui gagnent tant de sympathies, sont d’un exemple très immoral. Malheureusement, le temps des répressions douces n’est pas encore arrivé ; il faut, auparavant, que l’idée de Dieu et de l’infini soit replacée dans l’esprit du peuple et qu’elle y prenne racine, non plus, comme jadis, par l’absurde foi du charbonnier, mais par la science spirite, morale et expérimentale. Le jour où on pourra aborder les foules et leur parler de leur avenir éternel, il n’y aura plus besoin de la peine de mort. Pour le moment, on a déblayé le terrain envahi par les vieilles idées et les anciennes traditions, mais on ne leur a rien substitué, et, en enseignant seulement, la morale sans but et sans intérêt personnel, on s’est placé au niveau des âmes d’élite, des êtres évolués qui ne sont pas la majorité. C’est une faute que vous payez à l’heure actuelle par la recrudescence des crimes, mais ceci aura une fin, car aucun mal n’arrive à être le maître absolu, et c’est toujours lorsque le point culminant est atteint en quoi que ce soit, qu’une évolution, involution ou révolution se produit. Laissons donc les choses suivre l’inéluctable loi qui régit l’univers, répandons à flots la parole de vérité, nous, par nos efforts à seconder les médiums, vous, par votre apostolat spirite. Il faut arriver à être des légions de croyants pour votre si belle philosophie, et, en suivant ce programme, nous hâterons la venue du règne de vérité qui doit succéder à cette ère de tâtonnements au milieu desquels l’humanité présente se meut avec tant de peine, en cherchant une voie qui s’ouvre difficilement devant les efforts du progrès social.

Est-il vrai que, dans l’avenir, on trouvera des moyens de se passer de la houille et d’éviter ainsi les catastrophes qui se produisent dans les mines ?

Il faut l’espérer, mais je ne vois cependant pas la terre complètement délivrée des industries dangereuses, parce qu’elle est un monde d’expiation. La terre n’est pas une planète avancée, et on ne pourra pas en changer complètement les conditions d’existence, car, par exemple, si on abandonne l’exploitation des mines, il faudra avoir recours à des forces qui seront tout aussi dangereuses, et les explosions à air libre remplaceront probablement les ensevelissements humains. Remarquez ceci, c’est que nul ne peut se soustraire à la mort, elle est la condition obligatoire de la vie terrestre, puisque c’est par elle que nous retournons à l’au-delà, quitté à regret, et vers lequel nos aspirations s’arrêtent pendant la vie, parce que nous ne nous souvenons pas des merveilles momentanément abandonnées.

L’intelligence a été donnée à l’homme, qui la rapporte près de ses frères en incarnation et s’efforce d’améliorer les conditions de l’existence terrestre par une lutte incessante contre qui ? Contre la nature ? Contre les éléments ?

Non, contre Dieu qui vous prête la vie pour que vous la lui rendiez au bout de quelques années. Eh bien, dans cette lutte si complètement inégale, l’homme gagne une parcelle de terrain, celle que Dieu lui permet de conquérir, pour l’initier au développement de son intelligence et à la pratique de la charité et de l’amour de son prochain. Mais le but mortel ne disparaît pas, il est simplement déplacé, et si, après les études médicales et les recherches, si, après le progrès de l’hygiène, on est arrivé à faire disparaître certaines maladies, comme la peste, le choléra, la variole, on se trouve en présence de la tuberculose ou de maladies nouvelles inconnues jusqu’alors, comme l’influenza infectieuse qui a fait tant de victimes ces dernières années. Non, l’homme ne peut se dresser orgueilleusement vis-à-vis de la très grandiose puissance créatrice ou  productrice. Non, il ne peut se dire qu’il vaincra les éléments et sera le maître de la mort elle-même ; il faut à la grande faucheuse un nombre déterminé de victimes à abattre chaque année, chaque jour, à chaque heure, à chaque minute, et, si les figures mythologiques l’ont représentée hideuse, redoutable, effrayante, on a voulu seulement frapper l’imagination des peuples, pour les engager à vivre leur vie sans défaillance, et à craindre une trop prompte désincarnation qui les mettrait dans la nécessité de recommencer sans avoir tiré de leur existence présente la partie utile qu’ils pourraient en extraire mais, derrière le linceul qui couvre le squelette redouté, se cache la lumière de délivrance qui scintille au seuil de la porte merveilleuse par laquelle on entre dans l’au-delà. Je dis qu’il est désagréable de prendre des rides ! Oh, les rides, c’est charmant, cela donne à la physionomie un caractère de progrès effectué. Je veux dire que cela caractérise un visage, et qu’au lieu d’y deviner à peine les qualités, on les voit fixées par le temps et par l’acquis de l’âme. Les femmes sensées savent bien que rien n’arrête le cours des années, et que toutes ces petites rides que vous déplorez sont plus jolies qu’on ne pense, parce que ce sont des émotions tristes ou joyeuses qui les ont imprimées, et que, par elles, on revit doucement le passé dans tout ce qu’il contient de tendres souvenirs. Les rides sont des personnes très intelligentes, et croyez bien que celles des méchants n’ont pas la même expression ni la même forme que celles des âmes élevées. C’est Charles qui a dicté cela. Qu’il est gentil ! C’est moi qui suis gentil de ne pas me l’être attribué ! Dites-moi, vous aussi, quelque chose pour me consoler de vieillir ! Vieillir, c’est se rapprocher de nous et atteindre le but. Vieillir, c’est rajeunir, puisqu’on arrive ainsi à la porte de la renaissance.

Aimeriez-vous vivre à présent ?

Non, pas du tout. C’est pourquoi, voyez-vous, Il est nécessaire de ne pas se rappeler ses existences passées ! Ce que vous dites aujourd’hui du présent, vos aïeules l’ont dit aussi à l’époque où vous trouviez tout beau et agréable. Elles aussi maudissaient l’époque présente et regrettaient celle de leur jeunesse. On a besoin d’oublier parce que, en naissant petit enfant, on s’assimile les mœurs et les coutumes des années qu’on doit vivre ; aussi les accepte-t-on avec joie sans que rien d’elles vous choque. Puis, on avance en âge, on évolue, et on commence à se fatiguer du changement continuel des choses. C’est ce qui fait désirer le repos extra-terrestre ; on se sent appelé de l’autre côté, parce qu’on a fait son temps. J’en suis là et bien persuadée que j’ai fait mon temps, mais je crois que quelques-uns seront tristes de mon départ de ce monde, et cette pensée me cause plus de peine que de satisfaction, car j’ai toujours trouvé mon bon père un peu égoïste de tenir à se faire tant regretter de nous ! Non, c’est naturel, cela montre qu’on ne saurait se passer de la tendresse des siens. Ne pas être regretté, cela prouve une froideur envers les autres qui a dû les faire souffrir.

La vie est un tissu de larmes et de sourires, avoir été aimé par quelqu’un, c’est lui devoir bien des sourires… n’est-il pas naturel de lui donner quelques larmes ?…

Si on voulait traiter à fond ce sujet, je ne crois pas qu’on donnerait la préférence à une vie exempte des sourires et des larmes ; ce serait l’existence d’un cœur sec qui ne souffre pas et ne jouit pas davantage. Je crois qu’il est plus normal d’accepter la part des joies et des douleurs réservées à ceux qui sentent, à ceux qui vibrent ; ceux-là, au moins, ont vécu, et ils ont répandu autour d’eux la rayonnement de leurs joies et de leurs peines, les premières pour les faire partager, les secondes pour demander l’appui de ceux qui savent panser les plaies du cœur. C’est ainsi que les uns et les autres se font la courte échelle pour gravir le rocher escarpé qui mène aux grands sommets, c’est ainsi que s’écoulent les années que chacun appelle avec l’espoir d’un avenir meilleur, et dont on constate forcément l’uniformité de joies et de peines réparties dans les mois qui se succèdent, ramenant non seulement l’hiver et l’été physiques, mais encore les saisons morales, froides ou tièdes, glacées ou parfumées. Les années sont des feuilles qu’on voit s’envoler sans regrets de l’arbre de la vie, car, si elles emportent les quelques joies vécues, trop rares, hélas, elles emportent aussi les douleurs qu’il a fallu subir, et elles rapprochent insensiblement de l’entrée dans le séjour des joies sans exemple ici-bas et de la paix sans nuages.

 

Photo de Eric Smart sur Pexels.com


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