Les Esprits des incarnés forment des groupes sympathiques en vertu de leurs tendances, de leurs relations antérieures et de leur degré d’avancement. Ces groupes aiment à s’incarner ensemble et forment ici-bas les familles bien unies. Si tous les membres d’une même famille progressent également durant cette existence, ils se retrouvent encore plus après leur mort. Si un Esprit d’un avancement égal, mais étranger à la famille s’y est réincarné, il en augmente le nombre et y est accueilli avec joie. Mais un Esprit mauvais qui y pénètre y est reçu comme un étranger et n’arrive pas à y conquérir sa place. Si au contraire, un Esprit supérieur ou plus avancé entre dans une famille arriérée, il excite l’étonnement parfois la jalousie. On voit par là l’enchaînement des existences successives et la constante communion qui existent entre les Esprits des désincarnés et les esprits incarnés par le trait d’union formé par les guides que ceux-ci se sont donnés, qu’ils ont librement demandé et accepté au moment de la réincarnation. Cette continuation de l’existence sur deux plans différents est bien propre à nous donner la clef de l’énigme que constituent à nos yeux les phénomènes d’antipathie et de sympathie.
Dès lors la sympathie ne serait- elle rien d’autre que l’impression favorable que nous ressentons à la vue d’un visage sur lequel se reflète une âme sœur qui nous fut amie ou à laquelle nous avons été unis dans une de nos nombreuses existences antérieures ? Et, en sens inverse, pour l’antipathie ? Entre tous les raisonnements psychologiques et philosophiques connus, cette hypothèse ne semble-t-elle pas la plus plausible, celle tout au moins qui donne la solution la plus rationnelle ? Si nous avons eu la vertu de nous lier qu’à des amis dignes de notre prédilection, par l’harmonie de tous leurs penchants pour les nôtres, indissolublement unis par l’effet nécessaire de cette conformité spirituelle, nous ne courons aucun risque de nous voir détachés les uns des autres par une rupture éternelle.
Partant du même point, animés par les mêmes forces, visant le même but, il est impossible que nous ne nous retrouvions pas au-delà de cette terre : rien ne nous empêche donc d’ordonnancer nos existences de manière à voyager à jamais de compagnie à travers les abîmes de l’univers, avec tous ceux que nous aimons. Amis, époux, parents qui avez si profondément à cœur de ne pas vous perdre dans la mort, resserrez-vous dans les mêmes espérances et vous vous rejoindrez dans l’au-delà comme vous vous étiez rejoints ici. Si vous êtes condamnés par la misère de votre destinée actuelle à ne mourir que les uns à la suite des autres, ne vous affligez pas, ni vous qui partez, ni vous qui demeurez. En mourant les premiers, nous ne faisons que devancer auprès de ceux qui nous ont précédés, ceux que nous laissons derrière nous et nous marchons vers les jours désirés où nous serons devenus dignes de vivre inséparablement dans la pleine lumière de l’immortalité, nous et tous ceux dont nous aurons fait choix pour cette sainte et inséparable parenté.
Aussi les âmes se classent dans le monde des Esprits comme dans le nôtre ici-bas, d’après leurs lumières et leurs vertus acquises, au lieu de se classer d’après leurs symboles. Ainsi les affinités qu’elles ont entre elles, sont bien les seules causes déterminantes de leurs affections, de leur désintéressement et de l’amour réciproque ; ainsi en vertu même de ces sentiments, il est rationnel d’envisager chez elles le besoin impérieux de dévouement et de sacrifice qui doit les faire avancer en perfection et qui consiste à faire que les incarnés viennent en aide à ceux qui doivent tenter les épreuves d’une nouvelle incarnation. Les âmes qui auront fleuri ensemble se retrouveront ensemble. Et si au banquet de la vie dont nous fûmes les convives, nous avons pu nous connaître et nous aimer, à combien plus forte raison devrons-nous si nous avons vaincu, nous trouver réunis autour de la table du Père dont nous sommes tous, au même titre, les enfants bien aimés.
Telle est du reste la foi des grands saints, puisque, dit saint Cyprien, nous traversons ce monde comme des étrangers, soupirons après le jour qui nous ramènera dans notre maison et nous réintègrera dans le royaume de notre Père. L’exilé n’a-t-il pas hâte à un certain stade, de rentrer dans sa patrie ? Et celui qui s’embarque sur la mer, pour revenir près des siens, ne désire-t-il pas un vent favorable afin de pouvoir plus tôt embrasser ceux qu’il aime ? C’est un philosophe grec qui disait : « Il n’y a jamais de vent favorable à celui qui ne sait où il va. » Notre patrie se trouve là où sont nos pères, nous y sommes attendus par toutes les personnes qui nous furent chères et nous y serons accompagnés par ces chers guides qui, avec sollicitude aussi affectueuse qu’inlassable, nous ont soutenus et encouragés au cours de notre exil terrestre. C’est là qu’il nous sera donné de voir avec une merveilleuse surprise, à quelle profondeur plongent les racines de certaines sympathies et de certaines parentés ; nous moissonnerons les fruits des bonnes actions que nous aurons suscitées des frères inconnus et dont nous comprendrons les conséquences infinies. C’est en faisant le bien sous toutes ses formes que nous consolons nos frères incarnés, en même temps que nos frères de l’espace nous applaudissent ; ce que nous appelons l’illumination soudaine du génie n’est que le souffle spontané d’Esprits supérieurs. Ce que nous appelons une bonne pensée qui nous dicte une résolution généreuse n’est que l’inspiration généreuse de notre guide spirituel. Tout en restant les arbitres de notre destinée, nous subissons l’influence bonne ou mauvaise qui entrave ou favorise notre ascension. À chacun d’analyser et de discerner où se trouve le mal ou le bien.
Nous sommes clairement dits des combattants luttant pour la vie dans une mêlée où les bons Esprits, nos guides disputent aux mauvais Esprits les âmes innombrables qui évoluent sur notre planète pour un avancement moral et l’accomplissement d’une destinée.

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