L’état de transe est ce degré du sommeil magnétique qui permet au corps fluidique de s’extérioriser, de se dégager du corps charnel, et à l’âme de revivre un instant de sa vie libre, indépendante. La séparation, toutefois, n’est jamais complète ; la séparation absolue serait la mort. Un lien invisible continue à rattacher l’âme à son enveloppe terrestre.
Semblable au fil téléphonique qui assure la transmission entre deux points, ce lien fluidique permet à l’âme affranchie de transmettre ses impressions par les organes du corps endormi. Dans la transe, le médium parle, se déplace, écrit automatiquement mais, de ces actes, aucun souvenir ne subsiste au réveil.
L’état de transe peut être provoqué, soit par l’action d’un magnétiseur, soit par celle d’un Esprit. Sous l’influx magnétique, les liens qui unissent les deux corps se relâchent. L’âme, avec son corps subtil, s’émancipe peu à peu ; elle recouvre l’usage de ses puissances cachées, comprimées par la matière. Plus le sommeil est profond, plus le dégagement s’accentue. Les radiations de la psyché s’accroissent et s’étendent ; un état de conscience différent, des facultés nouvelles apparaissent. Tout un monde de souvenirs et de connaissances, ensevelis dans les profondeurs du moi, se réveillent.
Le médium peut, sous l’empire d’une volonté supérieure, se reconstituer dans une de ses existences passées, la revivre dans tous ses détails, avec les attitudes, le langage, les attributs qui caractérisent cette existence. En même temps, les sens psychiques entrent en jeu. La vision et l’audition à distance se produisent, d’autant plus claires et plus précises que la sortie de l’organisme est plus complète.
Dans le corps du médium, momentanément abandonné, une substitution d’Esprit peut se produire. C’est le phénomène des incorporations. L’âme d’un défunt, même l’âme d’un vivant endormi, peut prendre la place de l’esprit du médium et se servir de son organisme matériel pour communiquer par la parole et le geste avec les personnes présentes.
L’Esprit du médium reste presque toujours mêlé au groupe spirituel qui entoure son enveloppe terrestre. Parfois, son influence se fait encore sentir sur le corps, vers lequel le ramènent ses habitudes. Son action devient alors une gêne, une entrave pour les communicants.
Quand la force occulte est insuffisante et la transe peu profonde, le dégagement reste incomplet ; les personnalités se mêlent. Le médium résiste à l’action extérieure de l’Esprit, qui fait des efforts pour prendre possession de ses organes. Ses radiations psychiques se confondent avec celles du manifestant. De là, dans des proportions variables suivant les cas, deux parts à faire dans les manifestations : celle du médium et celle de l’Esprit, opération délicate, qui exige une connaissance approfondie des personnalités en présence et des conditions du phénomène.
L’état de transe facilite la suggestion. Dans les phénomènes de l’écriture et de la table, le médium reste en pleine possession de son moi, de sa volonté et pourrait rejeter les inspirations qu’il reçoit. Dans le dégagement, il n’en est plus ainsi. L’âme s’est retirée et le cerveau matériel reste livré à toutes les influences. Lorsqu’il est insuffisamment protégé, le médium peut subir aussi bien des suggestions d’un magnétiseur que celles des assistants ou celle d’un Esprit. C’est ce qui, jette parfois une certaine confusion dans l’interprétation des faits et nécessite, de la part des expérimentateurs, une grande prudence. En tel cas, il est difficile de distinguer la nature réelle des influences agissantes. Hudson Tuttle, médium lui-même, le fait remarquer dans son livre : Arcana of spiritualism :
« Les groupes spirites sont fréquemment les jouets d’une illusion, trompés par leurs propres forces positives. Ils éloignent les messages spirites en leur substituant l’écho de leurs propres pensées et alors ils constatent des contradictions et des confusions, qu’ils attribuent complaisamment à l’intervention d’Esprits malveillants. »
C’est pourquoi il est préférable de laisser les Esprits agir seuls sur le médium, en s’abstenant de toute intervention magnétique humaine. Le plus souvent, les fluides d’un magnétiseur, par leur état vibratoire particulier, contrarient ceux des Esprits, au lieu de les aider. Ceux-ci doivent se livrer à un travail d’adaptation qui épuise les forces indispensables à la production des phénomènes. Un magnétiseur dont les fluides ne sont pas purs, le caractère droit, la moralité parfaite, peut, même sans le vouloir, influencer un sujet dans un sens très défavorable.
Même lorsque l’action occulte est puissante et bien établie, il faut encore tenir compte de l’embarras de l’Esprit qui doit se communiquer à l’aide d’un organisme étranger, au moyen de ressources souvent restreintes. L’état d’harmonie entre les facultés de l’Esprit et celles du médium existe rarement, le développement des cerveaux n’est pas identique et les manifestations en sont contrariées.
Cependant, quand on peut disposer d’un médium de réelle valeur, lorsque la possession est complète et la force suffisante pour écarter les influences contraires, on se trouve en présence de phénomènes imposants. L’Esprit se manifeste dans la plénitude de son moi, dans toute son originalité. Le phénomène des incorporations apparaît alors comme supérieur à tous les autres.
Certains expérimentateurs se posent cette question : l’esprit du manifestant s’incorpore-t-il effectivement dans l’organisme du médium ? Ou bien n’agit-il pas plutôt à distance, par la suggestion mentale et la transmission de pensée, comme peut le faire l’esprit extériorisé du sujet ?
Un examen attentif des faits nous porte à croire que ces deux explications sont également admissibles, suivant les cas.
Au réveil, l’esprit du médium perd toute conscience des impressions recueillies dans l’état de liberté ; de même, il n’aura aucun sentiment du rôle que son corps a pu remplir durant la transe. Les sens psychiques, dont il avait repris un moment possession, s’éteignent de nouveau ; la matière étend son voile ; la nuit se fait ; tout souvenir s’évanouit. Le médium se réveille dans un état de trouble qui se dissipe lentement.

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