Les portes de l'au-delà

Je ne suis pas là pour vous le faire croire mais pour vous le dire


Le déterminisme et le libre arbitre

E n dépit d’une progression des connaissances, des réflexions, des remises en question à la fois philosophiques, religieuses, humanistes, il demeure encore de nombreux courants de pensée qui tendent à concevoir l’existence des êtres humains comme une fatalité dictée par différents concepts qu’ils soient matérialistes, religieux, karmiques, mystiques ou ésotériques. En cela et plus récemment les idées véhiculées par les mouvements New Age ou les prédictions de certains astrologues et clairvoyants, ont pour effet de conduire à une forme de prédestination, de déterminisme résultant d’un thème astral, des lignes de la main, d’une application travestie du karma quand ce n’est pas l’influence d’un bas astral qui entrave les jugements ou soumet l’humain à des addictions irrépressibles.

 

Ainsi le destin nous échapperait en partie limitant en cela nos capacités à changer les choses, ayant pour conséquence de subir une destinée et surtout ce qui est plus grave, à considérer les souffrances et les difficultés des autres comme une expiation, une prédestination contre laquelle il est vain, voire inopportun de lutter car en contradiction avec un avenir aux contours dessinés par une volonté supérieure, divine pour certains. Le libre arbitre est la puissance attribuée à la volonté humaine de choisir librement, de se déterminer elle-même. Le déterminisme est selon Louis Gastin (ancien secrétaire général de l’Union Spirite Française) un système philosophique qui dénie à la volonté humaine la faculté d’agir librement et qui attribue uniquement à des « mobiles » extérieurs la cause efficiente de nos actes, les mobiles étant les conséquences naturelles des actes des vies antérieures et l’influence contingente du milieu dans lequel l’esprit incarné est appelé à agir.

C’est le système adopté par les positivistes, mouvement initié par Auguste Comte rejetant le dogme de la liberté d’expression, fondant son analyse sur des éléments scientifiques concrets, système précurseur du scientisme et du matérialisme. Spinoza disait : « Les hommes se trompent en ce qu’ils pensent être libres et cette opinion consiste en cela qu’ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par lesquelles elles sont déter?minées.» Toutefois l’origine du déterminisme se trouve dans la scolastique religieuse soumettant tout à l’influence de la providence divine.

 

LES FREINS AU LIBRE ARBITRE

 

Ainsi la volonté d’un individu serait pour les matérialistes limitée voire entravée par l’influence de la matière, des éléments et du milieu naturel. Le déterminisme religieux pour sa part affirme l’action unique de la Providence, concrétisation des desseins divins contre lesquels on ne peut rien.

Puisqu’il a la liberté de penser, l’homme a celle d’agir, sans libre arbitre l’homme serait une machine.» Il est précisé toutefois que cette liberté s’exerce de manière relative compte tenu du degré d’évolution de l’esprit incarné, de l’influence de la matière et des contingences du milieu. Ainsi le libre arbitre absolu sur Terre n’existe pas, mais si on le supprimait totalement, on supprimerait la responsabilité. Le libre arbitre est entravé par les croyances religieuses ; les religions monothéistes ont toutes érigé leurs dogmes sur la crainte et le respect de règles qui limitent l’exercice de la liberté, loin d’ailleurs des messages apportés par les différents prophètes.

La foi aveugle impose et exige l’abdication d’une des plus précieuses facultés de l’homme : le raisonnement, le libre arbitre.

A l’origine le péché originel du catholicisme a dévié et affaibli le libre arbitre, les dogmes imposés ont limité la réflexion de l’homme le cantonnant dans la crainte, à un destin voulu par Dieu. Dans les autres religions ou courants religieux, les dogmes et les règles imposées limitent la liberté d’agir et de conscience, ainsi en est-il du statut des femmes soumises au nom de la religion musulmane avec des représentations révoltantes dans des pays où règne l’intégrisme religieux. Le karma dans sa conception contemporaine, très éloigné de son sens premier, est certainement le frein le plus puissant à l’exercice du libre arbitre, quand au nom de l’expiation, de la réparation de fautes antérieures réelles ou supposées, des individus devraient subir une vie de souffrance et de misère, cela au vu et su de leurs contemporains qui s’accommodent facilement de cet état les dispensant de toute intervention charitable.

 

Pour les matérialistes la vie est en quelque sorte une loterie, une fatalité où en fonction des circonstances, la vie sera facile pour certains bénéficiant de conditions favorables ou difficile pour d’autres moins bien pourvus en fonction du pays où l’on vit, du contexte familial, social, politique, cette attitude conduisant à l’immobilisme et à la résignation sur de nombreux aspects. Certes il existe une forme de déterminisme liée aux conditions de vie sur la Terre. La trame de notre destin est faite des conséquences de tous nos actes antérieurs et des choix que l’on a la capacité de faire dans cette vie présente, sachant qu’il y a aussi des évènements providentiels qui peuvent influer sur le cours de la vie. Le choix humain même s’il est limité existe bel et bien. Il y a bien sûr une part de fatalité dans toute vie humaine ; tout être humain est le résultat de ses vies passées, antériorités lourdes de conséquences, autant sur le plan physique que sur le plan psychique.

Les souffrances et traumatismes vécus tels la guerre, les crimes, les catastrophes, les abandons, peuvent marquer les esprits qui reviennent à la vie avec une charge émotionnelle négative, générant parfois de graves problèmes de santé, voire des handicaps et sur le plan psychique des phobies et des peurs lourdes de conséquences. Mais pour autant aucune vie n’est tracée à l’avance et l’on peut toujours par sa volonté et l’aide d’autres personnes chercher à changer les choses. C’est précisément ce à quoi nous engage la philosophie spirite qui en nous éclairant sur notre ontologie et sur notre devenir, nous engage à réfléchir sur la finalité de la vie présente, vie parmi d’autres qui à chaque fois doit nous faire évoluer sur le plan de la connaissance et de la morale. Or pour assumer pleinement notre incarnation, il ne faut pas se réfugier dans des concepts qui nous freinent mais prendre la mesure de ce qu’est la vie sur cette planète et ce que nous pouvons faire pour transformer les choses dans de nombreux domaines.

 

LIBRE ARBITRE ET ÉVOLUTION

 

Le libre arbitre s’exerce davantage en fonction de l’avancement de l’esprit, devenant d’autant plus réel que l’homme évolue, que sa conscience s’élargit, qu’il maitrise davantage son environnement. Par ailleurs les réincarnations successives dans des mondes de plus en plus évolués permettent au libre arbitre de se déployer, là où il y a moins d’entraves liées à l’infériorité et aux contingences naturelles. Le libre arbitre dans sa totalité correspond à la perfection mais dans ce cas, il ne s’exerce que dans le sens du bien et de la charité. Le libre arbitre sur Terre c’est à dire la liberté d’agir, est parfois mal utilisée notamment pour faire le mal ou se laisser aller à ses bas instincts.

C’est un attribut essentiel de l’esprit humain comme le précisait un esprit : «Dieu est semblable à une pierre d’incandescence et de radiance qui propulse sans cesse, comme une onde infinie dans l’espace, le fluide de la vie. Le pluriel ne vient qu’après, lorsque cette vie s’individualise et se conscientise pour donner naissance aux personnalités et aux genres. Ainsi est né le monde végétal, ainsi est né le monde animal, ainsi est né le monde humain. L’individualisation du fluide a pris des formes diverses. Elle a pris la forme la plus grande dans la projection humaine, car le fluide physique de cette projection contient le secret du libre arbitre et, par conséquent, de la conscience.»

C’est précisément lorsque des dangers, des périls ou des conflits se font jour, que l’homme trouve à exercer son libre arbitre en ayant le choix de subir des situations ou au contraire de se rebeller pour défendre diverses causes. Il existe de très nombreux exemples dans l’histoire de la Terre où des hommes et des femmes ont combattu pour lutter contre la barbarie, l’apartheid, l’esclavage, l’exploitation capitaliste, la misogynie, la guerre. Beaucoup ont payé de leur vie leur engagement. Ces combats périlleux ont permis à l’humanité toute entière de progresser, ils furent menés par des humains plus conscients des dangers et plus responsables.

 

Comme l’a exprimé un esprit : «Je pense à mes frères, à tous ceux qui ont péri sur le bûcher pour simplement traduire leur vérité, leur foi. Vous vous devez de vivre et de lutter pour tous ces autres qui cherchent encore. Nul chemin qui va vers le Père n’est facile. Il a fallu des vies que nous pourrions appeler nuits d’errances pour que naisse, en chacun de nous, ce qu’il est convenu d’appeler la conscience. Que fait la conscience de nos esprits ? Peut-être et sans doute qu’avec la conscience, le chemin est encore plus complexe. Parce que la conscience se révélant à nous-mêmes progressivement, nous avons à vaincre tout ce qui a fait notre moi. Nous sommes le résultat de nos passés, nous sommes les otages de nos actes. Conscience de Dieu, révélé un jour et gardé à l’éternité, nous sommes petits et nous sommes grands à la fois, en luttant pour la justice, en luttant pour l’homme de demain, en traduisant le message chrétien, l’on ne peut sur Terre que rencontrer des obstacles. » 

Le libre arbitre est un attribut de l’esprit qu’il soit incarné ou désincarné, ainsi dans l’au-delà l’esprit conscient de son état garde sa liberté d’apprendre, de progresser, d’écouter ou non les conseils d’autres esprits plus évolués, il n’y a pas de sanctions divines imposées en fonction du comportement sur la Terre, pas de paradis ni d’enfer. L’esprit demeure libre de se manifester ou non aux vivants qui l’évoquent, il demeure libre aussi, malheureusement, s’agissant de mauvais esprits, de continuer à vouloir faire le mal et à influencer en cela les humains plus vulnérables. Là encore la connaissance des lois spirites permet de ne pas subir cet état de fait, mais de délivrer ces esprits inférieurs, de leur faire prendre conscience de leurs actes dont ils doivent se repentir

 

 

INFLUENCE DU GUIDE ET DE L’AU-DELÀ

 

Nous avons tous un guide spirituel qui a pour mission de nous conduire et nous assister dans notre parcours incarné. Toutefois, le guide aussi aimant soit-il ne peut se substituer à son protégé, à sa liberté, à sa responsabilité et il est illusoire et irresponsable de s’en remettre totalement au guide en cas de difficultés.

Cependant, le guide et d’autres Esprits dans l’au-delà qui continuent à lutter pour la justice et l’égalité, viennent en aide aux esprits incarnés qui mènent des combats justes sur Terre. À titre d’exemple, Nelson Mandela a engagé une lutte courageuse contre la politique raciste du gouvernement sud-africain, a passé vingt-sept années en prison. Il a vu certains de ses amis torturés, assassinés, sous le régime de l’apartheid et il a préféré le dialogue à l’affrontement, négociant avec les dirigeants de son pays une transition pacifique vers une vraie démocratie, devenant le premier président de la nouvelle Afrique du Sud. Nous l’avons comme d’autres aidé et soutenu dans son difficile parcours incarné par nos prières, nos pensées. 

 

QUAND LE LIBRE ARBITRE EST ABOLI

 

Le libre arbitre peut être altéré par la démence, par l’absorption de certaines drogues ou dans des situations où l’être humain connaît l’horreur, la souffrance, dans d’abominables ghettos où il ne peut prétendre à la liberté. Le libre arbitre peut donc être anéanti par l’homme. En cela, le spiritisme nous invite à la lutte pour venir avec d’autres, en aide à des humains souffrants, à lutter contre toutes formes de barbarie, à encourager la connaissance et l’éducation. Il nous apprend à être libre ; l’avenir n’est pas inscrit mais il reste à construire en s’affranchissant du poids des traditions et des lourdeurs ainsi que l’exprimait un Esprit : «Vous êtes des êtres profondément responsables de vos situations à la fois individuelles et collectives, responsables de vos vies, de vos sociétés, responsables de l’organisation de ces mêmes sociétés. Je viens en cette soirée lutter avec vous, combattre avec vous. Je viens dénoncer une fois encore, toutes les formes de fatalisme, de déterminisme, de pensée négative, toutes ces formes de pensée d’obédience philosophique ou religieuse ou, voire même quelquefois, d’obédience politique, qui entraînent à la fois les individus et en même temps l’humanité toute entière au renoncement, au refus de soi-même.»

 

Ainsi plus que jamais, il est nécessaire de comprendre les attributs de l’esprit, sa force, sa volonté et ne pas laisser dire, laisser faire n’importe quoi : «Il est particulièrement odieux, particulièrement injuste de laisser croire à l’humanité qu’un Dieu vengeur, depuis l’au-delà, serait en quelque sorte l’auteur des injustices, l’auteur des catastrophes, parce qu’ainsi, ce Dieu-là viendrait juger et condamner les hommes à la souffrance. Il est injuste de dire que les maladies seraient, en quelque sorte, le résultat d’une punition karmique, c’est-à-dire d’une nécessité absolue de connaître le mal, d’en souffrir afin de pouvoir rendre grâce à je ne sais quelle puissance supérieure de caractère divin. Il faut dénoncer toutes ces théories, il faut dénoncer toutes ces philosophies, il faut lutter pour l’émancipation de l’individu, il faut lutter parce que vous avez les armes pour cela, parce que vous avez surtout pour cela, l’arme essentielle, celle de la liberté. Liberté de s’exprimer, c’est-à-dire lutter contre toutes les formes d’oppression, qu’elles soient, l

 

 

 

Photo de Soubhagya Maharana sur Pexels.com


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