L’orgueil et l’ambition seront toujours une barrière entre l’homme et Dieu ; c’est un voile jeté sur les célestes clartés et Dieu ne peut se servir de l’aveugle pour faire comprendre la lumière. Ne demandez pas au dictionnaire une définition de l’humilité ; vous ne l’y trouveriez pas. Ou plutôt vous trouveriez une définition de l’humilité d’hier, mais non la définition de l’humilité de demain.
L’Humilité, dit le dictionnaire : vertu chrétienne qui nous donne le sentiment de notre faiblesse ; déférence ; soumission. Ah ! La pauvre définition ! Il faut lui faire l’aumône. Il faut jeter sur elle la parure de l’humilité de demain qui nous débarrassera de nos grands défauts et sera créatrice, en nous, de paix, d’ordre, de dignité, de noblesse et de bonheur. Je pourrais presque dire que l’humilité est encore un secret. Elle est, en quelque sorte, le contraire de ce qu’on croit. Vous dites, ô dictionnaire, que l’humilité est faiblesse ? Je dis qu’elle est force. Elle est la citadelle de l’âme.
Vous dites, ô dictionnaire, qu’elle est déférence et soumission ? Vous n’en montrez que l’envers ! Elle est délivrance et splendeur ! On a une tendance à la confondre avec l’humiliation. Or, l’humble est celui qui ne peut pas être humilié. Il est au-dessus de l’humiliation.
La modestie est la politesse de l’orgueil. L’humilité en est le contrepoison. Elle est la sœur de charité sublime penchée sur nous, en nous-mêmes. Vertu négative ? Oui ! Et heureusement ! Car ce qu’elle nie, c’est l’orgueil, la vanité, l’ostentation, l’insolence, le dépit, la susceptibilité, l’appétit de l’argent, le besoin de luxe. Voilà de belles, de magnifiques négations !
Vous croyez qu’elle est pauvreté ? Elle est richesse. Vous croyez qu’elle est un sentiment de non-valeur ? Elle est valeur et valeur immense ! Si vous vous approchez d’un malheureux avec l’amour, si vous mettez, dans ce contact, toutes les délicatesses de l’âme, toutes les sensibilités du cœur, vous gardez quand même, malgré vous, l’attitude de celui qui donne d’en haut à celui qui reçoit d’en bas. Certes, vous êtes fils de Dieu, puisque vous portez l’Amour et que l’Amour vous porte, mais vous vous tenez sur une marche plus haute que celle où se tient celui qui reçoit. L’humilité vous fait céder votre marche.
Qu’on le veuille ou non, la charité d’aujourd’hui va de haut en bas. Il faut que la charité de demain aille de bas en haut. Il faut que celui qui donne descende et descende avec joie, car dans le Royaume de Dieu, il n’y a que des joies, et le meilleur moyen de monter, c’est de descendre. « Que celui qui veut être le plus grand parmi vous, soit le serviteur des autres », a dit le Maître de Maîtres.
Une société où régneraient l’amour et l’humilité serait le paradis terrestre. C’est cette société que les Prophètes ont annoncée sur les hauteurs d’ISRAËL, et dont le Christ a apporté la Bonne nouvelle.

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