La conscience est le centre de la personnalité, centre permanent, indestructible, qui persiste et se maintient à travers toutes les transformations de l’individu. La conscience est non seulement la faculté de percevoir, mais encore le sentiment que nous avons de vivre, d’agir, de penser, de vouloir. Elle est une et indivisible.
Toutefois, la conscience, dans son unité, présente, nous le savons, plusieurs plans, plusieurs aspects. Physique, elle se confond avec le sensorium, c’est-à-dire la faculté de concentrer les sensations extérieures, de les coordonner, de les définir, d’en saisir les causes et d’en déterminer les effets. Peu à peu, par le fait même de l’évolution, ces sensations se multiplient et s’affinent et la conscience intellectuelle s’éveille. Désormais, son développement n’aura plus de bornes, puisqu’elle pourra embrasser toutes les manifestations de la vie infinie. Alors écloront le sentiment et le jugement, et l’âme se percevra elle-même. Elle deviendra à la fois sujet et objet. Dans la multiplicité et la variété de ses opérations mentales, elle aura toujours conscience de ce qu’elle pense et veut.
Le moi s’affirme et grandit et la personnalité se complète par la manifestation de la conscience morale ou spirituelle. La faculté de percevoir les effets du monde sensible s’exercera sous des modes plus élevés. Elle deviendra la possibilité de ressentir les vibrations du monde moral, d’en discerner les causes et les lois.
C’est par ses sens intérieurs que l’être humain perçoit les faits et les vérités d’ordre transcendantal. Les sens physiques sont trompeurs ; ils ne distinguent que l’apparence des choses et ne seraient rien sans ce sensorium qui groupe, centralise leurs perceptions et les transmet à l’âme ; celle-ci enregistre le tout et en dégage l’effet utile. Mais au-dessous de ce sensorium de surface, il en est un autre plus caché, qui discerne les règles et les choses du monde métaphysique. C’est ce sens profond, méconnu, inutilisé par la plupart des hommes, que certains expérimentateurs ont désigné sous le nom de conscience subliminale.
De même qu’il existe en nous un organisme et un sensorium physiques qui nous mettent en rapport avec les êtres et les choses du plan matériel, de même il est un sens spirituel à l’aide duquel certains hommes pénètrent, dès maintenant, dans le domaine de la vie invisible. Après la mort, dès que le voile de la chair sera tombé, ce sens deviendra le centre unique de nos perceptions.
C’est dans l’extension et la libération croissantes de ce sens spirituel qu’est la loi de notre évolution psychique, la rénovation de l’être, le secret de son illumination intérieure et progressive. Par lui nous nous détachons du relatif et de l’illusoire, de toutes les contingences matérielles, pour nous attacher de plus en plus à l’immuable et à l’absolu.
L’âme se relie, par ses profondeurs, à la grande Ame universelle et éternelle, dont elle est comme une vibration. Cette origine, cette participation à la divine nature expliquent les besoins irrésistibles de l’esprit évolué : besoin d’infini, de justice, de lumière, besoin de sonder tous les mystères, d’étancher sa soif aux sources vives et intarissables dont il pressent l’existence, mais qu’il ne parvient pas à découvrir dans le plan de ses vies terrestres.
De là proviennent nos aspirations les plus hautes, notre désir de savoir, jamais satisfait, notre sentiment du beau et du bien ; de là les lueurs soudaines qui illuminent de temps à autre les ténèbres de l’existence, et ces pressentiments, cette prévision de l’avenir, éclairs fugitifs dans l’abîme du temps, qui luisent parfois pour certaines intelligences.
Au-dessous de la surface du moi, surface agitée par les désirs, les espérances et les craintes, est le sanctuaire où trône la Conscience intégrale, calme, paisible, sereine, le principe de la Sagesse et de la Raison, dont la plupart des hommes n’ont connaissance que par de sourdes impulsions ou par de vagues reflets entrevus.
Tout le secret du bonheur, de la perfection est dans l’identification, dans la fusion en nous de ces deux plans ou foyers psychiques. La cause de tous nos maux, de toutes nos misères morales est dans leur opposition.

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