Les portes de l'au-delà

Je ne suis pas là pour vous le faire croire mais pour vous le dire


La prière

 

Ce serait une erreur de croire que nous pouvons tout obtenir par la prière, que son efficacité est assez grande pour détourner de nous les épreuves inhérentes à la vie. La loi d’immuable justice ne saurait se plier à nos caprices. Certains demandent la fortune, ignorant qu’elle serait un malheur pour eux, en donnant un libre essor à leurs passions. D’autres veulent éloigner des maux qui sont parfois la condition nécessaire de leurs progrès. Les supprimer aurait pour effet de rendre leur vie stérile. D’autre part, comment Dieu pourrait-il accéder à tous les désirs que les hommes expriment dans leurs prières ? La plupart sont incapables de discerner ce qui leur convient, ce qui leur serait le plus profitable.
Dans la prière qu’il adresse chaque jour à l’Éternel, le sage ne demande pas que sa destinée soit heureuse ; il ne demande pas que la douleur, les déceptions, les revers soient écartés de lui. Non ! ce qu’il désire, c’est connaître la loi pour mieux l’accomplir ; ce qu’il implore, c’est l’aide d’en haut, le secours des Esprits bienveillants, afin de supporter dignement les mauvais jours. Et les bons Esprits répondent à son appel. Ils ne cherchent pas à détourner le cours de la justice, à entraver l’exécution des divins décrets. Sensibles aux souffrances humaines, qu’ils ont connues, endurées, ils apportent à leurs frères de la terre l’inspiration qui les soutient contre les influences matérielles ; ils favorisent ces nobles et salutaires pensées, ces élans du coeur qui, en les portant vers les hautes régions, les délivrent des tentations et des pièges de la chair. La prière du sage, faite dans un recueillement profond, en dehors de toute préoccupation égoïste, éveille en lui cette intuition du devoir, ce sentiment supérieur du vrai, du bien et du juste, qui le guident à travers les difficultés de l’existence et le maintiennent en communion intime avec la grande harmonie universelle.
La prière est l’expression la plus haute de cette communion des âmes. Considérée sous cet aspect, elle perd toute analogie avec les formules banales, les récitatifs monotones en usage, pour devenir un élan du cœur, un acte de la volonté par lequel l’esprit s’arrache aux servitudes de la matière, aux vulgarités terrestres pour pénétrer les lois, les mystères de la puissance infinie et s’y soumettre en toutes choses : ” Demandez et vous recevrez ! ” Prise dans ce sens, la prière est l’acte le plus important de la vie ; c’est l’aspiration ardente de l’être humain qui sent sa petitesse et sa misère, et cherche, ne serait-ce qu’un instant, à mettre les vibrations de sa pensée en harmonie avec la symphonie éternelle. C’est l’œuvre de la méditation qui, dans le recueillement et le silence, élève l’âme jusqu’à ces hauteurs célestes où elle s’augmente des forces, où elle s’imprègne des radiations de la lumière et de l’amour divins. Mais combien peu savent prier ! Les religions nous ont désappris la prière en la changeant en exercice oiseux, parfois ridicule.
Sous l’influence du Nouveau Spiritualisme, la prière deviendra plus noble et plus digne ; elle sera faite avec plus de respect de la puissance suprême ; avec plus de foi, de confiance et de sincérité, dans un complet détachement des choses matérielles. Toutes nos anxiétés et nos incertitudes cesseront lorsque nous aurons compris que la vie est une communion universelle, et que Dieu et tous ses enfants vivent ensemble cette vie. Alors la prière deviendra le langage de tous, l’irradiation de l’âme qui, dans ses élans, met en branle le dynamisme spirituel et divin. Ses bienfaits s’étendront sur tous les êtres et particulièrement sur ceux qui souffrent, sur les ignorés de la terre et de l’espace. Elle ira vers ceux à qui nul ne songe, et qui gisent dans l’ombre, la tristesse et l’oubli, en face d’un passé accusateur. Elle éveillera en eux des aspirations nouvelles ; elle fortifiera leur cœur et leur pensée. Car l’action de la prière n’a pas de limites, pas plus que les forces et les pouvoirs qu’elle peut mettre en oeuvre pour le bien des autres.
La prière, il est vrai, ne peut rien changer aux lois immuables ; elle ne saurait en aucune façon modifier nos destinées ; son rôle est de nous procurer des secours et des lumières qui nous rendent plus facile l’accomplissement de notre tâche terrestre. La prière fervente ouvre toutes grandes 1es portes de l’âme et, par ces ouvertures, les rayons de force, les radiations du foyer éternel nous pénètrent et nous vivifient.
Travailler avec un sentiment élevé, en poursuivant un but utile et généreux, c’est encore prier. Le travail, c’est la prière active de ces millions d’hommes qui luttent et peinent sur la terre, au profit de l’humanité.
La vie de l’homme de bien est une prière continue, une communion perpétuelle avec ses semblables et avec Dieu. Il n’a plus besoin de paroles ni de formes extérieures pour exprimer sa foi : elle s’exprime par tous ses actes et toutes ses pensées. Il respire, il s’agite sans effort dans une pure atmosphère fluidique, plein de tendresse pour les malheureux, plein de bon vouloir pour toute l’humanité. Cette communion constante devient pour lui une nécessité, une seconde nature. C’est grâce à elle que tous les Esprits d’élection se maintiennent aux hauteurs sublimes de l’inspiration et du génie.

 

Photo de Monstera sur Pexels.com


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