La philosophie spirite est respectueuse de toutes les croyances religieuses qui mènent à la pratique du bien et encourage chacun à pratiquer sa religion quand celle-ci lui convient. Cependant, elle est aussi « la destruction du matérialisme », ce qui implique un positionnement particulier envers la croyance matérialiste. À l’aide des sciences d’aujourd’hui, nous allons voir que les fondements du matérialisme sont très fragiles.
En combattant le matérialisme, nous attaquons, non les individus, mais une doctrine qui, si elle est inoffensive pour la société, quand elle se renferme dans le for intérieur de la conscience de personnes éclairées, est une plaie sociale si elle se généralise.
Les personnes éclairées d’aujourd’hui sont les grands professeurs, ceux du collège de France et des académies, ceux aussi qui sont à la tête de programmes de recherches à dotations financières majeures, les prospectivistes qui influencent les politiques, ou même les ingénieurs de haut niveau employés par les GAFA. Par exemple, il s’agit du Pr Stanislas Dehaene, successeur de Jean-Pierre Changeux, professeur au collège de France et responsable du projet de recherche Human Brain Project, de Lionel Naccache, de Pierre-Henri Gouyon, de Ray Kurzweil et bien d’autres. Même si ces éminentes personnalités ont des sensibilités et des projets différents, elles sont matérialistes. Publiquement, ce sont de bonnes personnes, s’affichant soucieuses des autres en matière d’éducation et de santé. Mais la conséquence de leur philosophie matérialiste les conduit à réduire le vivant à sa seule composante matérielle et correspond à une perte de sens et d’espoir véritable. Leurs activités de recherche sur le cerveau en particulier, suscitent de nombres interrogations sur le plan éthique dont les réponses strictement matérialistes peuvent faire peur. En outre, le matérialisme débouche sur le transhumanisme qui, pour certains, représente à terme un risque d’extinction de l’être humain. C’est un avènement de l’intelligence artificielle au sens fort, une vision de l’être qui le réduit à un algorithme pouvant être mis en œuvre dans des machines devenant de plus en
plus intelligentes, rendant l’Homme au début augmenté puis dénaturé, inadapté et obsolète.
Nous allons rapidement faire le point sur quelques bases du matérialisme ainsi que ses prétentions à expliquer l’Homme et le monde. Nous examinerons ensuite les faiblesses des neurosciences d’aujourd’hui. Enfin, nous verrons avec Philippe Guillemant, ingénieur physicien au CNRS, que des modèles cybernétiques de la conscience mènent à une âme transcendante, nous sauvant ainsi du désespoir dans lequel le transhumanisme semble nous diriger.
La conscience, produit du cerveau ?
Les neurosciences prétendent finir par expliquer la conscience dans quelques années, sans impliquer d’élément transcendant.
La quasi-totalité des neuroscientifiques d’aujourd’hui sont matérialistes. Ils voient fonctionner le cerveau tous les jours à travers des instruments de neuroimagerie de plus en plus rapides et avec une résolution toujours plus fine. De là, ils ont l’impression de voir le cerveau « sécréter » la pensée sous forme d’impulsions électriques.
Stanislas Dehaene est un neuroscientifique, psychologue, spécialiste et chercheur de premier plan. À ce titre, il est intéressant de connaître sa position sur la compréhension de l’esprit humain. Quand il observe le cerveau avec toute la puissance et la résolution des instruments d’imagerie moderne, que voit-il exactement ?
Stanislas Dehaene et ses collègues pensent voir le cerveau humain qui traite de l’information sans qu’à aucun moment une transcendance n’intervienne. Aucune trace d’un principe intelligent causal n’intervient dans leur modèle de la conscience humaine.
Même quand le cerveau humain réalise un acte de volition pure, c’est-à-dire sans que cet acte ne soit la réponse à un stimulus, il ne leur est pas utile d’invoquer une commande immatérielle. Ceci serait dû au fait que le cerveau est balayé constamment par une onde de conscience qui peut s’auto-organiser en réagissant sur elle-même, en particulier dans la zone du cortex préfrontal, zone de l’espace de travail conscient.
Stanislas Dehaene, comme certains de ses collègues éminents tels que Lionel Naccache, est donc sur cette ligne du matérialisme pur. Nul doute pour eux qu’ils fourniront prochainement au monde un modèle physique et mathématique complet de la conscience.
Pour eux, le domaine de la conscience est parfaitement objectif. Le domaine du mental serait aussi intelligible que celui de la physique. Ils sont en cela inspirés par les travaux de Turing et de Von Neumann qui suggèrent que la gestion de la parole, des prises de décisions, bref tout ce qui semble caractéristique et propre à l’âme humaine peut être implanté dans une machine. Ce sont des caractéristiques de la conscience qu’on pensait du domaine de la subjectivité mais qui sont aujourd’hui apparemment objectivables par l’observation des états du cerveau.
Grâce à des techniques de corrélation entre concentrations locales en oxygène dans le sang du cerveau et états rapportés par le patient, on croit caractériser objectivement les états de conscience. Ces techniques révèlent aussi une activité rapide et profonde à un niveau inconscient. Même des images subliminales très fugaces sont traitées, sans forcément émerger jusqu’au niveau de la conscience.
Notons également qu’aujourd’hui, ces conceptions sont tout à fait convergentes avec celles des biologistes partisans d’une évolution darwinienne attribuée au hasard, dont Pierre-Henri Gouyon est un bon représentant en France, d’autant que ce dernier s’exprime beaucoup publiquement sur les relations entre science et société, notamment dans le domaine de l’éthique, exercice toujours difficile quand on est un pur matérialiste !
Dans son dernier ouvrage, Pierre-Henri Gouyon note bien que quelque chose manque pour expliquer le vivant par la biologie moléculaire stricte. C’est vraisemblablement ce que les spirites nommeraient périsprit et Rupert Sheldrake le champ morphogénétique. P-H. Gouyon parle d’entités « vivantes immatérielles [qui] sont des informations. Elles existent à travers nous, dans nos gènes, dans notre culture, dans nos écosystèmes. La vie produit l’information, lit l’information et se définit par l’information qu’elle porte. »
Il s’agit d’une forme de matérialisme plus insidieuse, qui réduit tout être à des informations gérées par des programmes-lois.
On trouve aussi heureusement en France des neurosceptiques tels que Denis Forest, professeur de philosophie ou Michel Bitbol, médecin, physicien, philosophe et chercheur au CNRS.
Dans son livre « neuroscepticisme », Denis Forest démonte la méthodologie et certaines conclusions des neurosciences sans les rejeter complètement. Son argumentation est principalement basée sur le fait que « voir n’est pas savoir » et que la neuroimagerie ne nous renseigne pas forcément sur la nature des états mentaux. Par exemple, l’IRM est basée sur l’exploitation d’un signal physique dit BOLD corrélé à l’oxygénation des neurones. Or, ce signal pourrait être aussi bien généré par des neurones inhibés que des neurones excités. Cela signifie que dans le fond, nous n’avons aucune idée de ce qui se joue véritablement au niveau des neurones. Cela signifie que les cartes mentales qui sont établies sont peu fiables, par exemple avec les zones correspondant à la dépression qu’on retrouve aussi chez des sujets sains.
De mon côté, je reproche principalement aux neurosciences de confondre corrélation et causalité. Voir le cerveau en activité ne nous renseigne pas sur l’origine de son activité, quels que soient les mécanismes de rétroaction et d’onde de conscience plus ou moins permanente qu’on lui suppose.
Les manquements les plus importants en neurosciences sont liés aux connaissances peu avancées sur la compréhension de la mémoire dans le cerveau. Serge Laroche, directeur de recherche au CNRS, directeur du laboratoire de neurobiologie de l’apprentissage, de la mémoire et de la communication à Orsay, écrit :
« Nous sommes encore loin d’avoir compris par quels mécanismes les souvenirs s’impriment dans le cerveau, sont rappelés, remis à jour par l’expérience, parfois oubliés. Cette quête de la trace matérielle des souvenirs et des mécanismes de leur construction et de leur utilisation en est encore à ses débuts. »
Rafael Yuste et George Church précisent : « Les médias font régulièrement état d’imageries cérébrales montrant que des zones particulières du cerveau s’activent lorsqu’on se sent rejeté, lorsqu’on parle une langue étrangère, etc. Ces annonces peuvent donner l’impression que les techniques actuelles fournissent de nouvelles connaissances fondamentales sur le fonctionnement du cerveau. C’est une fausse impression. » Lorsqu’on présente une photo à un cerveau, parfois un seul neurone s’active correspondant à la mémorisation de cette photo, ce qui rend très mystérieux ce mécanisme.
Plus grave encore, les neurones mathématiques que les scientifiques simulent par de gros moyens informatiques laissent à penser que le fonctionnement des neurones et des synapses ne permet pas de stocker des images sur ce type de support matériel. La porte est grande ouverte pour montrer que le stockage des informations que sont nos souvenirs se fait en réalité à un autre niveau que celui du cerveau matériel…
Nous avons vu que les corrélations électriques du cerveau et des états mentaux ne fournissent pas le code de fonctionnement d’une conscience purement matérielle. De nombreuses questions demeurent sur l’origine, le stockage et le rappel des informations qui transitent par le cerveau. Nous allons voir qu’il faut changer de discipline pour avancer sur ces questions et nous tourner maintenant vers la physique.
Vers une physique de l’âme humaine
Quelle place et quelle définition de l’âme humaine pour des scientifiques du XXIème siècle ?
Le physicien Philippe Guillemant du CNRS explique dans ses conférences quels sont les dogmes de la croyance matérialiste, tandis que la plupart du temps, les personnes qui sont matérialistes n’ont pas conscience d’être eux-mêmes des croyants.
La religion a toujours abondamment usé de démons pour imposer son système de pouvoir. L’incarnation du mal en entités bien différenciées de Dieu a en effet pour avantage de résoudre les contradictions internes de la religion et surtout d’imposer son pouvoir et d’occulter celui des hommes (la conscience) en cultivant la peur ou le respect du démon.”
“La première des contradictions internes de la science était l’incompatibilité entre son déterminisme dogmatique, ayant permis d’évacuer le Dieu de la religion, et son propre Dieu, le hasard: si les choses arrivent par hasard, comment pourraient-elles en effet être déterministes ?”
Il donne alors les deux démons de la croyance matérialiste :
Le démon de LAPLACE (déterminisme temporel)
« Une intelligence qui, à un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent, si d’ailleurs elle était suffisamment vaste pour soumettre ces données à l’analyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l’univers et ceux du plus léger atome ; rien ne serait incertain pour elle, et l’avenir, comme le passé, serait présent à ses yeux. »
Pierre-Simon Laplace, Essai philosophique sur les probabilités.
Cela correspond donc à un déterminisme temporel strict. Le futur est prévisible théoriquement, comme si nous étions en prison, embarqué dans un mécanisme tout à fait déterminé. Comme l’univers évolue vers plus de désordre (loi de l’entropie), Philippe Guillemant continue sa métaphore en disant que le démon de Laplace, autrement dit Satan, nous emmène vers l’enfer et nous prive de notre libre arbitre. Voici la perspective du matérialisme…
Le démon de MAXWELL (information subjective)
Il correspond à une expérience de pensée imaginée par James Clerk Maxwell en 1871, pour suggérer que la seconde loi de la thermodynamique n’était vraie que de manière statistique. Par exemple, si on laisse ouverte la porte d’un réfrigérateur éteint, les températures du réfrigérateur et de la pièce vont s’équilibrer, et cela de manière irréversible sans apport d’énergie. Or, le démon de Maxwell contrôle un processus permettant de revenir à un état de température inégal, sans dépenser d’énergie, et en diminuant l’entropie, ce qui est en principe impossible selon la seconde loi de la thermodynamique.
Ce démon pose problème à la science actuelle qui a besoin de faire intervenir la notion d’information subjective pour sauver un des piliers de la science, la seconde loi de la thermodynamique et qui interdit de remonter le cours du temps matériel. Aujourd’hui, les physiciens sont forcés d’admettre petit à petit que l’information est objective et non subjective. Philippe Guillemant compare le démon de Maxwell à Lucifer : « Il reste un mauvais génie tant que son pouvoir n’est pas compris. Il incarne l’incompréhension du rôle de l’information en physique. »
Philippe Guillemant explique que pour pouvoir envisager l’existence d’autre chose que la matière, il faut renoncer petit à petit à l’ensemble des dogmes suivants, ce
sont les 10 commandements du matérialisme. Il ajoute “il suffit qu’un seul des 10 dogmes soit faux pour ébranler le matérialisme (or ils sont tous faux)” :
- Tu croiras que tous les phénomènes inexplicables sont des illusions (scientisme).
Cela signifie que la science doit révéler le comment et le pourquoi de toute chose, rien n’échappe à son influence. La science pourra tout expliquer et ce qui est aujourd’hui apparemment inexplicable deviendra forcément explicable. Il n’y a pas de transcendance, pas de subjectivité.
- Tu croiras que rien n’est relié et que tout arrive par stricte causalité (causalité stricte).
Ce commandement est contredit par l’expérience d’Alain Aspect sur la non-localité. Deux particules intriquées peuvent changer d’état simultanément quelle que soit la distance.
- Tu croiras que la nature est sans but et sans aucune finalité (hasard et déterminisme).
Pourtant, les êtres sont reliés entre eux par la coopération dans la nature…
- Tu croiras en la compétition et la sélection naturelle du plus fort (darwinisme).
Ce commandement a pu être étendu à la société humaine basée sur ce système sous la forme du libéralisme économique qui périclite actuellement.
- Tu croiras que tu es une machine et que la technologie peut t’améliorer (transhumanisme).
Ce commandement est suivi par les firmes de l’internet qui investissent dans la robotique et la médecine pour construire des êtres humains augmentés et des intelligences artificielles humanoïdes. Évidemment, il y a de nombreuses failles, par l’efficacité des médecines alternatives ainsi que des difficultés à construire une intelligence artificielle tant qu’on cherchera dans la matière la subjectivité des perceptions humaines (qualia), la sémantique des pensées humaines, la mémoire, la plasticité du cerveau, etc.
- Tu croiras que ta conscience est le produit de ton cerveau (mortalité).
Sam Parnia a montré que la conscience subsiste après la mort, expérience dont on peine encore à envisager toutes les conséquences…
- Tu croiras que la réalité est indépendante de tes états de conscience (Objectivité).
Les états de conscience se situent en réalité hors du temps et la conscience a prise sur notre futur. Les choix que nous faisons affectent l’univers tout entier. À un tel point que de plus en plus de physiciens académiques envisagent que nos choix créent autant d’univers qu’il y a de possibilités. Cette interprétation du multivers est remise en cause par Philippe Guillemant mais montre à quel point la physique se préoccupe maintenant des conséquences de leurs équations. Le lecteur intéressé pourra se référer aux travaux de Max Tegmark.
- Tu croiras que ta mémoire et tes souvenirs sont dans ton cerveau (réductionnisme).
Comme nous l’avons vu, cette croyance est souvent induite par la communication maladroite des médias sur les corrélations entre états de conscience et zones cérébrales. Les chercheurs sur cette question sont souvent plus modestes. Les modèles cybernétiques de la conscience, en particulier celui de Philippe Guillemant et qui mettent en jeu des réseaux de neurones mathématiques montrent que le stockage des images est quasi-impossible sans envisager une forme de transcendance.
- Tu croiras que le passé est terminé et impossible à modifier (irréversibilité).
Une forme subtile de réversibilité semble compatible avec le principe de causalité. Les travaux d’Olivier Costa de Beauregard, et leur revalorisation par Philippe Guillemant et Huw Price expliquent qu’un principe de rétro causalité, à l’inverse de la flèche du temps, est tout à fait possible. Philippe Guillemant insiste sur le fait que la causalité est conservée, ce qui est en plein accord avec la philosophie spirite.
Cela implique une difficile mise en perspective des choses. La causalité existe toujours mais elle ne se fait plus exclusivement du passé vers le futur. Elle peut exister du futur vers le passé, c’est ce qu’il appelle la rétro causalité. C’est une difficulté à dépasser pour nos cerveaux conditionnés par le monde matériel qui nous entoure mais c’est une nécessité absolue qui explique une foule de phénomènes
- Tu croiras en la compétition et la sélection naturelle du plus fort (darwinisme).
Ce commandement a pu être étendu à la société humaine basée sur ce système sous la forme du libéralisme économique qui périclite actuellement.
- Tu croiras que tu es une machine et que la technologie peut t’améliorer (transhumanisme).
Ce commandement est suivi par les firmes de l’internet qui investissent dans la robotique et la médecine pour construire des êtres humains augmentés et des intelligences artificielles humanoïdes. Évidemment, il y a de nombreuses failles, par l’efficacité des médecines alternatives ainsi que des difficultés à construire une intelligence artificielle tant qu’on cherchera dans la matière la subjectivité des perceptions humaines (qualia), la sémantique des pensées humaines, la mémoire, la plasticité du cerveau, etc.
- Tu croiras que ta conscience est le produit de ton cerveau (mortalité).
Sam Parnia a montré que la conscience subsiste après la mort, expérience dont on peine encore à envisager toutes les conséquences…
- Tu croiras que la réalité est indépendante de tes états de conscience (Objectivité).
Les états de conscience se situent en réalité hors du temps et la conscience a prise sur notre futur. Les choix que nous faisons affectent l’univers tout entier. À un tel point que de plus en plus de physiciens académiques envisagent que nos choix créent autant d’univers qu’il y a de possibilités. Cette interprétation du multivers est remise en cause par Philippe Guillemant mais montre à quel point la physique se préoccupe maintenant des conséquences de leurs équations. Le lecteur intéressé pourra se référer aux travaux de Max Tegmark.
- Tu croiras que ta mémoire et tes souvenirs sont dans ton cerveau (réductionnisme).
Comme nous l’avons vu, cette croyance est souvent induite par la communication maladroite des médias sur les corrélations entre états de conscience et zones cérébrales. Les chercheurs sur cette question sont souvent plus modestes. Les modèles cybernétiques de la conscience, en particulier celui de Philippe Guillemant et qui mettent en jeu des réseaux de neurones mathématiques montrent que le stockage des images est quasi-impossible sans envisager une forme de transcendance.
- Tu croiras que le passé est terminé et impossible à modifier (irréversibilité).
Une forme subtile de réversibilité semble compatible avec le principe de causalité. Les travaux d’Olivier Costa de Beauregard, et leur revalorisation par Philippe Guillemant et Huw Price expliquent qu’un principe de rétro causalité, à l’inverse de la flèche du temps, est tout à fait possible. Philippe Guillemant insiste sur le fait que la causalité est conservée, ce qui est en plein accord avec la philosophie spirite.
Cela implique une difficile mise en perspective des choses. La causalité existe toujours mais elle ne se fait plus exclusivement du passé vers le futur. Elle peut exister du futur vers le passé, c’est ce qu’il appelle la rétro causalité. C’est une difficulté à dépasser pour nos cerveaux conditionnés par le monde matériel qui nous entoure mais c’est une nécessité absolue qui explique une foule de phénomènes
(les synchronicités par exemple). Cela ne contredit pas du tout les lois spirites de justice ou de causalité.
Comme ce thème est complexe, nous renvoyons aux ouvrages de Philippe Guillemant car il faut bien son talent pour illustrer la complexité de ces notions.
- Tu croiras dans la conservation de l’énergie-matière (le vide est vraiment vide).
Les matérialistes ont pourtant une vision créationniste de l’univers par la création d’énergie au moment du big bang (au moment de l’inflation) à partir de rien.
Et finalement le Dieu du matérialisme est le HASARD. Beaucoup de choses en science dont on n’explique pas l’origine sont attribuées au hasard. Que ce soient les mutations génétiques néodarwiniennes ou l’effondrement de la fonction d’onde en physique quantique, quantité de phénomènes échappent à une causalité claire.
Une des avancées majeures de Philippe Guillemant a été d’expliquer comment la physique pouvait nous aider à différencier le temps habituel de notre espace-temps, c’est-à-dire le temps matériel, d’un temps réel, qui serait celui du monde spirituel, ou bien encore l’éternel présent des traditions.
La croyance matérialiste ne tient généralement pas compte des nombreux « bugs » de la réalité. Par exemple, la matière est vide à 99,9999 % (l’atome est lui-même essentiellement constitué de vide). Au niveau microscopique, ce qui paraît vide est en fait plein de vibrations, il y règne un flou quantique en même temps qu’une pixellisation de l’espace dont la longueur n’est plus définie en dessous d’un seuil appelé longueur de Planck. Finalement, ce qui nous apparaît plein est essentiellement vide et ce qui nous paraît vide est en fait très rempli. L’espace est déformable, troué, pixellisé et en vibration… Ces idées sont parfaitement admises par la communauté scientifique aujourd’hui mais ne sont pas vraiment prises en compte par ceux qui ont une vision « classique » du monde. Il leur faudra aussi accepter l’objectivité des informations contenues dans des dimensions supplémentaires…
Les scientifiques d’aujourd’hui qui connaissent la relativité d’Einstein ont une vision de l’univers qui est un univers bloc statique où finalement le passé, le présent et le futur existent de façon figée et parfaitement déterminée de toute éternité. Philippe Guillemant nous invite à visualiser un univers bloc dynamique qui n’est pas une prison mais changeant car potentiellement affecté par le libre arbitre des individus, libre arbitre qui serait réel et non illusoire.
Étienne Klein, physicien et philosophe, spécialiste français du temps, nous dit : « Le futur de notre espace-temps pourrait exister déjà mais n’être que partiellement configuré, pas intégralement défini, laissant des espaces pour la volonté, le désir, l’invention… ». Philippe Guillemant ajoute : « Notre futur est déjà réalisé mais la conscience peut le modifier, en échangeant des informations avec l’extérieur de l’espace-temps » et Antoine Suarez, physicien, précise : « Notre univers a besoin d’une coordination immatérielle, c’est-à-dire d’informations issues de l’extérieur de l’espace-temps. »
Tout ce que nous faisons existe déjà d’après la relativité mais le libre arbitre reconfigure notre futur en permanence. Le futur est donc partiellement configuré. Pour Étienne Klein, le futur de 2050 existe déjà et il se reconfigure selon nos pensées présentes. L’importance de nos pensées, point essentiel de la philosophie spirite, est ici éclatante. L’étude et la pleine conscience nous entraînent au déconditionnement, essentiels pour l’exercice de notre libre arbitre dont l’existence est réellement impactante sur le monde.
Dans ce contexte, la conscience ne peut être informée que par un esprit transcendant l’espace-temps. Ne dépendant pas du temps matériel illusoire, il est immortel. Les champs d’information des différents espaces communiquent par des sortes de trous de vers ou micro-trous noirs dont les NDE donnent peut-être un aperçu.
De l’esprit à la conscience incarnée
Le physicien Philippe Guillemant qui a guidé cette réflexion propose un modèle pour l’esprit et sa manifestation dans le monde. Quelles en sont les caractéristiques ? Peut-on retrouver des similitudes avec la philosophie spirite et celle-ci s’en trouve-t-elle précisée ?
Les sciences ont contribué à une vision mécaniste du monde jusqu’à ce que la physique moderne vienne remettre en cause cette vision à tous les niveaux : microscopique, cosmologique et bien entendu, au niveau de la conscience. Le matérialisme est mis à mal par ceux qui osent tirer les conséquences du monde décrit par la science aujourd’hui.
Aujourd’hui, de plus en plus de physiciens acceptent un univers bloc qui se décline en multivers afin de conserver un déterminisme compatible avec le résultat de leurs équations. Ce multivers a des conséquences assez absurdes si on considère qu’à chaque choix potentiel, même minime, correspond pour chacun à la création d’un univers tout entier.
Le principe d’économie en science ou rasoir d’Ockham tend à nous faire plutôt penser qu’une solution plus simple devrait être choisie. Dans le modèle de la conscience de Philippe Guillemant, induit par des expériences dans le domaine de l’intelligence artificielle, il existe un multivers d’un autre genre : un multivers dont les dimensions supplémentaires servent d’extension pour les origines subtiles de l’âme. Plus besoin d’un nombre aussi indécent qu’inconcevable d’univers tel que Tegmark le calcule. Aux 3 dimensions spatiales et au temps, Philippe Guillemant propose d’ajouter 6 dimensions supplémentaires. Les 4 dimensions de base sont celles de la réalité physique, du corps physique ou véhicule, correspondant à la conscience cristallisée. Les 3 dimensions suivantes sont celles de la conscience incarnée, le moi ou conducteur. Les 3 dernières sont celles du soi ou guide. Quant à l’esprit, il se situe hors espace-temps, pas besoin de dimensions car il n’y a plus réellement de forme à ce niveau. Philippe Guillemant précise “ il faut considérer l’incarnation dans la réalité à 10 dimensions comme réalisée à 2 niveaux immatériels de la forme qui sont les 2 niveaux de l’âme à 2 x 3 dimensions, le soi et le moi, l’âme étant le véhicule immatériel de l’esprit, comportant 2 étages (2 ponts entre l’esprit et la matière), le 1er étage faisant évoluer la matière, le 2ème étage faisant évoluer l’esprit qui récupère via le soi amélioré une amélioration de lui-même.“
Les deux principales théories de la physique moderne qui prétendent embrasser toutes les théories physiques, à savoir la théorie des cordes et la gravité quantique à boucles prévoient justement l’ajout de dimensions supplémentaires. Cela n’a donc rien de choquant d’envisager que ces dimensions supplémentaires existent, l’apport de Philippe Guillemant étant de supposer qu’elles soient celles de l’âme humaine.
Le temps joue un rôle particulier dans ce modèle. Il est nécessaire à la manifestation des autres dimensions et permet le passage du potentiel au réalisé.
À la base, il y a donc ce que Philippe Guillemant nomme l’esprit et en ce sens, il n’y a pas d’opposition avec la définition donnée par le spiritisme qui est le « principe intelligent ». L’esprit doit évoluer, c’est son intention première, et pour cela, il possède un programme, le soi, qui est amené à prendre corps dans la matière afin d’être réalisé. La conscience est donc la matérialisation du programme de l’esprit, la cristallisation du soi dans une modalité propre à le faire évoluer. Une fois l’incarnation terminée, le moi transfère de l’information au soi. Cette information sert à réaliser l’intention d’évolution de l’esprit.
Pour Philippe Guillemant, le moi est la partie matérielle de la conscience. Le soi est une copie de l’esprit destinée à être améliorée. Après la mort, on rejoint alors l’étage du soi. La modalité d’existence est celle du périsprit, même si celui-ci n’est pas cité par Guillemant, il s’agirait bien de l’enveloppe de l’esprit. Philippe Guillemant dit que dans l’astral, on apprend à se nettoyer de son moi avant de rejoindre notre identité réelle.
La déclinaison de la partie du multivers propre au soi serait donc le monde spirituel. Pour Philippe Guillemant, l’amélioration individuelle conduit le soi à fusionner avec l’esprit. La réincarnation est nécessaire pour finaliser cette amélioration mais Philippe Guillemant se méfie du terme qui pourrait conduire à une mauvaise interprétation de sa pensée. Pour lui, il vaut mieux parler de copies du soi qui prennent corps en différents moi, envoyés dans l’espace-temps. La transmigration de l’âme de corps en corps, correspond à une vision trop matérielle de ce que vit l’esprit. Cependant, nous ne voyons dans la pensée de P. Guillemant aucune contradiction avec la philosophie spirite, mais seulement une précision du mécanisme d’incarnation.
“Au sujet de la réincarnation, je crois dans la transmigration de la conscience d’une densité à la suivante (un étage au dessus). La réincarnation du soi n’a pas vraiment de sens dans la mesure où il s’agit de vies simultanées (multiples moi). Par contre, la réincarnation de l’esprit a un sens dans la mesure où lorsque le soi a terminé toutes ses incarnations (de tous ses moi) il fusionne avec l’esprit et ce dernier peut très bien recommencer à émaner différents soi dans d’autres réalités / planètes.”
L’intention collective est un progrès qui baisse l’entropie de l’univers. L’existence de l’esprit et celle du soi dans d’autres dimensions sont indispensables pour qu’il y ait une conscience dans l’espace-temps. Pour l’instant, la science n’explique absolument pas l’évolution néguentropique des systèmes, elle se borne à les observer sans leur attribuer de cause explicative autre que le hasard, le fameux Dieu du matérialisme.
La place de l’intention est forte dans l’approche de Philippe Guillemant. L’évolution finaliste du vitalisme mériterait selon lui d’être réhabilitée, contre Darwin. Le hasard à l’origine de l’évolution n’est que l’aveu d’ignorance du matérialisme. L’intelligent design et le créationnisme ne le satisfont pas non plus, car ils ne règlent rien selon lui, et ne font que déplacer le problème à un niveau supplémentaire. Pour Philippe Guillemant, la matière est aussi tirée vers le progrès par l’intention collective qui vise à l’amélioration. Cette vision des choses est tout à fait compatible avec la vision spirite qui voit dans l’administration spirituelle, une intention de rendre la planète propice à la vie comme moyen d’évolution.
Les mécanismes de transfert d’information entre les différentes dimensions ont déjà été entrevus par des chercheurs tels que Penrose et Hameroff avec leur fameuse microtubule à contrôle quantique, permettant d’obtenir des sécrétions de
neurotransmetteurs sans dépense d’énergie. Philippe Guillemant voit aussi dans les micro-trous noirs des passages possibles entre les dimensions. L’information passerait aussi peut-être d’un niveau d’univers à l’autre par l’influence quantique de l’eau telle que la conçoit le professeur Marc Henry.
La grande force de Philippe Guillemant est d’avoir travaillé au plus haut niveau académique sur l’intelligence artificielle. Tous les spiritualistes ont espéré ce moment, un jour où on essaierait de synthétiser une intelligence comparable à celle de l’être humain et où fatalement on buterait sur une difficulté indépassable avec la matière pour seul outil. C’est précisément ce qui s’est produit avec les travaux de Philippe Guillemant qui, nous le pensons, finira par être reconnu pour cette grande avancée. En substance, il a essayé de reproduire la connaissance d’une scène par une intelligence artificielle, c’est-à-dire la prise de conscience d’une scène par un système visuel cybernétique. Les informations de cette scène sont nombreuses et doivent être stockées dans les aires corticales du cerveau, c’est-à-dire ici des neurones informatiques. Or, Philippe Guillemant s’est heurté à un mur pendant des années en essayant de stocker matériellement les informations en provenance de la scène sur un réseau de neurones. Des pertes énormes d’informations étaient observées, rendant la reconstitution de la scène impossible par la suite. La simulation du souvenir était donc impossible. Le cerveau sert à être opérationnel tandis que la conscience sert plutôt à avoir accès à l’information visuelle complète. Plus précisément, le rôle du cerveau est de solliciter des aires, correspondant par exemple à des réactions émotionnelles, des traitements cognitifs, etc. permettant de faire face à la réalité vécue. Mais la conscience ne peut pas émerger du cerveau, elle est liée à un autre niveau.
En poussant son raisonnement à un niveau plus complexe, Philippe Guillemant en vient à montrer que la conscience est tout et que la matière n’est que de la conscience cristallisée, rappelant ainsi les enseignements du bouddhisme. L’esprit est hors espace-temps, le soi est dans une sphère possédant ses lois propres, permettant vraisemblablement le déplacement par la pensée.
Dans le multivers, il y a donc l’univers du soi, nécessaire car il contient assez d’information pour la manifestation de tous les libres arbitres. Quand le soi a décliné suffisamment de moi pour évoluer, le soi remonte dans l’univers de l’esprit. Là, il peut choisir de rester dans cette réalité ou de revenir sur terre, considération parfaitement compatible avec le spiritisme ou le bouddhisme. Il peut aussi choisir d’autres réalités pour ses manifestations et évoluer ailleurs, sur d’autres planètes par exemple.
Nous pouvons envisager quelques conséquences intéressantes de ce modèle.
Sur le thème du suicide, Philippe Guillemant rejoint parfaitement la philosophie spirite. Avec ses termes, on pourrait dire que si le soi a besoin de mettre fin à une incarnation, il peut parfaitement avoir planifié des circonstances engendrant une désincarnation. Ce n’est donc pas au moi de décider de se suicider. Nos corps ne nous appartiennent pas, en quelque sorte. Ils sont la manifestation de quelque chose de plus grand : l’intention des esprits et les programmes d’évolution des soi. Le suicide est donc un crime aux conséquences très vastes, impactant aussi les programmes d’évolution des autres consciences et l’espace-temps lui-même. Certains pourront peut-être contester le fait que nous soyons vraiment libres, puisque soumis au programme du soi…
Pour Philippe Guillemant, les êtres éveillés sont connectés au soi, souvent ou même en permanence. Cependant, il ne conseille pas de tenter cette connexion par l’isolement correspondant à une conduite asociale. Une vie dans l’action est nécessaire pour progresser, même si parfois un retour vers le soi est nécessaire lors d’un accident de vie ou bien de la confirmation d’une orientation à prendre. Philippe Guillemant n’aime pas le mot « mission » qui pourrait être confondu avec un ordre imposé à la conscience. Il s’agit d’appliquer le programme de l’être, conformément à la vision stoïcienne où le cadre d’une pièce de théâtre est imposé mais où il nous appartient de jouer la pièce à notre convenance, c’est-à-dire, du mieux possible.
Il peut être difficile pour un spirite d’imaginer un soi dans une autre dimension, car l’esprit semble embarqué dans l’incarnation et bien défini et localisé au centre de l’être. Néanmoins, cette vision est très liée à notre limite d’imagination des autres dimensions en plus de notre espace-temps habituel.
Philippe Guillemant rêve que la science soit liée à la spiritualité et discerne avec lucidité ses dogmes qui l’enferment. Les nombreux points de convergence avec la philosophie spirite nous font dire qu’il est dans le vrai. Depuis son premier livre « La route du temps » publié en 2010, sa pensée a beaucoup évolué, gagné en précision et a embrassé des domaines qu’on pensait inenvisageables à un physicien du CNRS. Nous espérons que le travail entrepris pourra encore se développer. Ses projets de publications académiques sur ces questions nous semblent aller dans le bon sens car il faut évidemment développer ces concepts sur des bases aussi solides que possible. Philippe Guillemant prépare également un nouveau livre qui viendra développer ce qui a été ébauché dans la « Physique de la conscience » paru en 2015. Nous espérons qu’il y développera des notions qu’il a déjà effleurées telles que la médiumnité, les NDE, l’évolution dans les règnes végétaux et animaux, etc. Inévitablement, de nouvelles lumières jailliront de son travail, pour le plus grand profit de la spiritualité et à terme, nous l’espérons, la fin du matérialisme.
Conclusion
En 1911, Félix Le Dantec écrivait :
« Je crois à l’avenir de la Science : je crois que la Science, et la Science seule, résoudra toutes les questions qui ont un sens ; je crois qu’elle pénétrera jusqu’aux arcanes de notre vie sentimentale et qu’elle m’expliquera même l’origine et la structure du mysticisme héréditaire anti-scientifique qui cohabite chez moi avec le scientisme le plus absolu. Mais je suis convaincu aussi que les hommes se posent bien des questions qui ne signifient rien. Ces questions, la Science montrera leur absurdité en n’y répondant pas, ce qui prouvera qu’elles ne comportent pas de réponse. »
Nous pensons que la vraie science est sur le point de contredire définitivement cette prophétie.
Même si le vocabulaire de la philosophie spirite provenant du 19ème siècle n’est plus très adapté, ses idées de fond sont parfaitement compatibles avec les théories de scientifiques éminents qui s’opposent au matérialisme à notre époque. Connaître les failles du matérialisme d’aujourd’hui ravive les enseignements spirituels d’hier. Heureusement que des scientifiques de talent nous montrent ces faiblesses et proposent des modèles compatibles avec la spiritualité. Michel Bitbol, Jean Staune, Philippe Guillemant, Philippe Solal, Sylvie Dethiollaz, Dean Radin et bien d’autres sont les vrais scientifiques d’aujourd’hui. Spécialistes dans leur domaine, ils échappent avec lucidité à la croyance matérialiste en ayant une attitude raisonnablement ouverte. Comme cela a été prévu par Kardec, la philosophie spirite doit assimiler ces nouvelles données véritablement scientifiques, montrer leur compatibilité avec les révélations spirituelles d’antan et préciser ses propres concepts à leur lumière. Peut-être qu’une des tâches les plus difficiles pour les spirites sera de faire le lien entre des notions justes mais exprimées avec un vocabulaire entré en désuétude et une science nouvelle, éminemment complexe. Il nous semble que ce travail est néanmoins indispensable car il porte plus de sens et de vérité, il ouvre des perspectives plus profondes, conformément à la loi de progrès.

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