Les portes de l'au-delà

Je ne suis pas là pour vous le faire croire mais pour vous le dire


La foi raisonnée

La foi est le fait de croire en un Dieu, en un dogme par une adhésion profonde de l’esprit et du cœur. La raison se définit dans le sens kantien par la faculté qui permet à l’être humain de connaître, juger et agir conformément à des principes (compréhension, entendement, esprit, intelligence), et spécialement de bien juger et d’appliquer ce jugement à l’action (discernement, jugement, bon sens).

Cette expression « foi raisonnée » associe donc deux termes apparemment opposés car la foi seule est une croyance profonde, elle n’est pas soumise à l’exigence de la raison qui se doit de bien juger. La foi semble correspondre à une liberté de croyance qu’on déconnecte de l’exigence des jugements corrects. On a la foi et on croit parce qu’on ressent une force intérieure qui nous pousse à croire et non parce qu’on déduit par le raisonnement que l’objet de cette croyance est licite. Dès lors, pourquoi et dans quel sens Kardec associe-t-il ces deux termes ? quelle est la nature de la relation entre la foi et la raison ?

La spiritualité n’admet pas la foi seule et que celui-ci exige la réflexion et la déduction philosophique pour être bien compris. En ce sens, il se démarque des autres religions qui demandent aux adeptes de croire sans forcément comprendre. La spiritualité n’est donc pas une religion supplémentaire qui exige la foi aveugle mais une philosophie qui s’appuie sur la raison.

Kant avait déjà analysé la nécessité pour la foi d’être associée à la raison. Il écrivait « la foi est rationnelle. » En effet, la raison humaine exprime un besoin d’absolu, une exigence d’inconditionné. La raison a besoin de croire. Ensuite, Kant affirme que les questions métaphysiques sont comme un champ de bataille et que ce qui peut être connu dans ce domaine doit être bien délimité. La raison pure ne peut pas trancher tous les problèmes métaphysiques. Par exemple, l’existence de Dieu, l’immortalité de l’âme et la possibilité du libre arbitre sont des questions métaphysiques que la raison pure peut traiter et valider dans un sens ou dans l’autre. C’est ce que font des générations de philosophes depuis l’antiquité. Sur un plan pratique, c’est-à-dire pour Kant, dans le domaine de la morale, la foi est nécessaire à l’homme pour bien agir, par devoir, elle s’appuie sur la loi morale inscrite au coeur de l’être humain. 

La loi morale peut être plus ou moins présente en l’homme. C’est ce qui va distinguer les niveaux personnels d’évolution morale. La foi seule c’est surtout la croyance dogmatique, arbitraire. La foi seule peut alors déboucher sur des actions mauvaises, et avoir pour motivation, comme le pointe Kant, l’intérêt égoïste sous couvert des apparences. C’est ainsi que la spiritualité propose ainsi pour guide de l’action et de la réflexion métaphysique non pas la foi seule, non pas la raison seule, mais la foi raisonnée, qu’on peut alors qualifié de « guide » et de « boussole ». C’est cette association qui permet de penser les problématiques métaphysiques et morales. 

La posture que doit adopter le spirite par la foi raisonnée est donc une façon bien particulière d’aborder les choses. La raison a des exigences profondes qui appellent la foi et la foi a besoin de l’orientation de la raison pour échapper au dogmatisme et au fanatisme. Concrètement, dans le spiritisme, la foi s’appuie sur la logique et les faits expérimentaux, ce qui la rend « inébranlable ».

Photo de cottonbro studio sur Pexels.com


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